Le quechua (prononcé en français : /ke.ʃɥa/) est une famille de langues parlée au Pérou, où il a le statut de langue officielle depuis 1975, ainsi que dans d’autres régions des Andes, du sud de la Colombie au nord de l’Argentine. Sa variante équatorienne est appelée kichwa, ou quichua.
Il compte environ 10 millions de locuteurs, dont plus de 4 millions au Pérou et près de trois millions en Bolivie (où il est également langue officielle et 1,5 million en Équateur (où il est langue officielle). Il se subdivise en de nombreuses variétés. La plus répandue (sud du Pérou et Bolivie) est le quéchua dit « cuzquègne », qui possède une tradition écrite ancienne remontant à l’époque coloniale (XVIe siècle).
Et si on se disait bonjour et au revoir en quechua !
Rimaikuyki! (Bonjour, je vous salue, je vous parle)
Bolivie
YAWAR MALKU (LE SANG DU CONDOR)
JORGE SANJINÉS (1969)
Marcelino Yanahuaya (Ignacio), Benedicta Mendoza Huanca (Benedicta), Vicente Verneros Salinas (Sixto), et la communauté Kapta.
Quand un homme et une femme s’aiment, leur grand rêve n’est-t-il pas le plus souvent d’avoir un enfant. Ce film évoque un drame, inspiré d’une histoire vraie. Quand les Indiens Quechua de l’Altiplano constatent soudain que leurs femmes deviennent stériles, ils s’interrogent. Le chef de la communauté découvre que ce mal est lié au passage de ces femmes dans un dispensaire américain, où elles sont venues accoucher. Les médecins de la « Peace Corps » profitaient de cette occasion pour les rendre stériles à leur insu. Les Indiens pour venger leurs femmes décident d’investir le local où ils castrent deux étrangers. Le film, très difficile à tourner, a été interdit sous la pression des Etats-Unis. La mobilisation d’intellectuels, d’étudiants et de la presse a contraint le gouvernement bolivien à autoriser sa diffusion et les Peace Corps ont du cesser leur campagne de stérilisation.
Pérou
FAUSTA (LA TETA ASUSTADA OU LE SEIN EFFRAYÉ)
CLAUDIA LLOSA (2010)
Magaly Soler (Fausta, péruvienne d’origine Quechua), Marino Ballón (l’oncle), Susi Sánchez (Aída), Efraín Solís (Noé), Antolín Prieto (le fils d’Aída).
Le viol condamne bien souvent les femmes à refuser d’être aimée. Dans les années 1980, à l’époque des combats entre l’armée et la guérilla moïste du Sentier lumineux, la mère de la belle Fausta a été violée par un soldat, alors qu’elle portait l’enfant de son mari qui venait d’être assassiné sous ses yeux. Quand Fausta perd sa mère, elle vit la peur chevillée au ventre. Elle souffre d’une maladie bien connue au Pérou, dite du « lait de la douleur », transmise par le sein de la mère. Selon une superstition locale, les enfants nés du viol, ont perdu leur âme qui est allée se cacher sous terre pour fuir l’horreur qu’ont subie leurs mères. Fausta communique avec sa mère en lui chantant des chansons qu’elle compose au fil du temps. Elle décide de se protéger des hommes, en introduisant une pomme de terre dans son vagin qui, en germant, barre toute possibilité d’y accéder. Ce bouclier symbolise la douleur et la peur transmise par ces mères de génération en génération à leurs filles, les empêchant de croire à un possible bonheur. Mais Fausta, quand enfin elle aura réussi à enterrer sa mère, va peu à peu guérir du mal dont elle est atteinte.
RÉFÉRENCES LITTERATURE
Le Quechua désigne à la fois la langue de l’ancienne et fascinante civilisation Inca et le plus grand groupe de natifs sud-américains (environ dix millions de personnes) dont près de la moitié vivent aujourd’hui au Pérou. Cet empire Inca s’étendait sur les actuels territoires de la Colombie jusqu’au nord de l’Argentine en passant par l’Equateur, la Bolivie et le Pérou. A l’occasion d’un voyage au Pérou et en Bolivie, à plus de 4000m d’altitude au cœur de la majestueuse cordillère des Andes, j’avais été très surprise de découvrir que ce puissant et immense empire très structuré ne possédait pas d’écriture et qu’il utilisait pour tenir ses comptes le quipu, un étonnant système de cordelettes de coton, colorées et nouées, placées à différentes distance sur une corde principale : « un quipu peut compter entre 3 et 2000 cordes ». Il correspondait à un code très précis qui permettait aux administrateurs Incas d’enregistrer les impôts, les récoltes, la population etc.
Comment les Incas, me direz-vous, si nous ne leur connaissons pas d’écriture, peuvent-ils avoir une littérature ? La littérature Quechua s’est perpétuée grâce à la tradition orale et, après la conquête espagnole, leur langue a conservée une grande vitalité. Du XVIe siècle à nos jours on a utilisé l’alphabet espagnol pour l’écrire et aujourd’hui, vous pouvez apprendre le quechua en vous procurant l’ouvrage d’un spécialiste français (Parlons Quechua de César Itier, éd. De l’Harmattan)
LES LÉGENDES ou MYTHES
Avant de vous dévoiler les plus connus d’entre eux, sachez que pour les Quechuas l’homme et la nature ne font qu’un et que leur vie difficile en altitude repose sur un profond respect de la nature qui leur permet de vivre en harmonie. Ils doivent leur survivance à l’entr’aide communautaire (l’ayni), une valeur essentielle à leur organisation sociale altruiste.
MANCO CAPAC ET MAMA OCLLO
L’Inti, le dieu soleil, constate à quel point la vie des hommes est désorganisée. Pour remettre de l’ordre il décide de créer un couple, Manco Capac et Mama Ocllo, à la fois mari et femme et frère et sœur. Il leur donne un sceptre d’or et leur dit que le lieu où le sceptre s’enfoncera dans la terre, ce sera le site où créer la capitale de leur royaume. Inti leur demande d’y organiser la vie des habitants, de fonder un royaume et d’y créer le culte du soleil. L’origine de ce couple se rattache à la création du lac Titicaca, berceau des Incas, le plus grand lac d’Amérique du Sud et pour moi l’un des lieux, dont la beauté et la magie, m’ont le plus impressionnés dans le monde. Manco Capac et Mama Ocllo, naissent des eaux du lac Titicaca sur les rivages de Puno. Leur sceptre d’or les accompagne pour les aider à trouver le lieu idéal où fonder la capitale du royaume. Ils se dirigent vers le Nord et s’enfoncent à travers la végétation. Dans la vallée où ils pénètrent, les habitants les prennent pour des êtres surnaturels. Ils décident de se séparer afin de mieux organiser et soumettre les habitants. Manco Capac marche vers le Nord, Mama Ocllo vers le Sud. Soudain, arrivés sur la colline Huanacauri, le sceptre d’or s’enfonce. Manco Capac s’installe dans la partie haute de la vallée (Hanan Cuzco) et apprend à son peuple à cultiver la terre. Mama Ocllo prend place avec les siens dans la partie basse de la vallée (Hurin Cuzco) où elle initie les femmes à la couture, au tissage, à la cuisine etc. Ainsi serait né l’empire Inca et leur capitale Cuzco « le nombril du monde », qui posséde encore aujourd’hui de somptueux vestiges, témoins de la grandeur de leur civilisation (l’ancienne ville royale est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO). Cette légende est celle contée par Garcilaso de la Vega (1501-1536), un chroniqueur amérindien de langue maternelle quechua (sa mère était une princesse Inca, son père un conquistador espagnol). Né à Cuzco il a vécu par la suite en Espagne où il a écrit un ouvrage monumental Comentarios reales de los Incas (Commentaires royaux des Incas, 1606), un témoignage unique sur l’histoire des Incas.
LES QUATRE FRÈRES AYAR
Il s’agit d’une autre version de la fondation de Cuzco. L’histoire débute à Pacaritampu, un lieu situé tout proche de Cuzco, où quatre frères vivent dans quatre cavernes. Un jour, ils surgissent de ces dernières accompagnées de leurs sœurs qui sont également leurs épouses. L’un d’eux Ayar Manco, qui serait l’autre nom de Manco Capac, possède une barre en or, un détail identique dans les deux aspects du mythe. Les trois autres frères disparaissent mystérieusement et Ayar Manco s’arrête quand sa barre d’or s’enfonce dans le sol, signe pour lui qu’en ce lieu désigné il construira la capitale du royaume.
LES WILLAKUYKUNA (CONTES EN QUECHUA)
Les contes sont une forme littéraire qui représentent un élément essentiel du savoir oral quechua transmis de génération en génération. Ces contes invitent le plus souvent ceux qui les écoutent, à respecter une harmonie sociale. Ils relatent aussi des événements historiques ou célèbrent l’importance et la beauté de la nature. Je vous conseille de lire, pour découvrir la richesse de la culture andine dans ce domaine, La littérature orale Quechua de César Itier (éd. Karthala, Centre de recherches sur l’oralité) et si vous avez des enfants de les faire rêver à la lecture des Contes indiens Quechuas du Pérou de Monique Sterin (éd. Ecole des Loisirs 2010). En feuilletant ces pages vous découvrirez pourquoi le soleil refuse la main de sa fille-étoile à l’homme qui est l’élu de son cœur. Le culte de Pachamama, la mère nourricière, la déesse terre, au cœur des croyances des Indiens. La légende du condor, ce grand oiseau symbole des Andes et du Pérou, qui peut se transformer en homme pour épouser une jeune fille, sans pour autant cesser d’être un volatile terrible.
DRAME
OLLANTAY (version complète en espagnol, en prose, par José Sebastián Barranca (1868)
Cette histoire d’amour célèbre est un drame de 2000 vers en 3 actes. Il remonte à la période précolombienne, adapté vraisemblablement vers la fin du XVè siècle, d’après la plupart des éditeurs du XVIIIe siècle, selon Abdon Yaranga Valderama (BNF, DATA). Le guerrier Ollantay (ou Ollanta), un vaillant capitaine, épris de la fille de l’Inca Pachacutec désire l’épouser. Ils s’aiment mais l’Inca refuse de donner sa fille, la princesse Cusi Coyllor, à un homme qui n’est pas de sang royal. Ollantay se retrouve exilé et la princesse recluse dans l’acclahuasi de Cuzco (la demeure des vierges destinées à devenir les épouses du soleil). Mais enceinte d’Ollantay, la belle Cusi Coyllor met au monde une fille Ima Sumac. Quant à Ollantay, à la tête d’une petite armée, il a pris le risque de se rebeller contre Pachacutec. Fait prisonnier il est ramené à Cuzco. A la mort de Pachacutec, son fils Tupac Yupanqui monte sur le trône et pour inaugurer son régne dans la paix, il offre la liberté à Ollantay. Dans ce geste magnanime, il permet à sa sœur d’épouser celui qu’elle aime toujours en secret depuis tant d’années !
CHANSONS DES ANDES
D’origine Quechua-aymara Luzmilla Carpio, née en 1954 à Kala Kala près de Potosí (Bolivie), chante et compose des chansons en quechua pour préserver la tradition de son peuple. En avril 2006, elle a été nommée par le président Evo Morales, ambassadrice de la Bolivie en France. Elle a sorti deux albums Le Chant de la Terre et des étoiles (éd. Regards croisées 2014) et Yupay Jap’ina Tapes (éd. Almost musiques, 2014). Sa voix magique à fait dire à Yehudi Menuhin : « Luzmilla Carpio, c’est un violon qui chante » et à Gil Pressnitzer (fondateur de la salle Nougaro à Toulouse qu’il a animé pendant 25 ans et où il a fait entendre des musiques du monde entier) qui nous a quitté fin 2015 : « Avec sa voix elle fait la courte échelle aux étoiles tant elle grimpe haut, mais en fait elle est la déesse Terre, la mère Terre qui nous a faits, qui nous porte. Flûte magique parmi les flûtes, elle vient de la Bolivie des hauts plateaux (…) Invitée dans une émission de Radio France, je l’entendis pour la première fois et l’envoûtement dure et dure (…) elle lance ses trilles d’oiseaux dépassant toutes les flûtes du monde ».
Tupananchiskama ! (au revoir)