ស្នេហា

Cambodge

* "amour" en Khmer

Quelques précisions sur cette langue

Le khmer est une langue appartenant au groupe des langues môn-khmères de la famille des langues austro-asiatiques. Langue des populations khmères, langue officielle du Cambodge, il est principalement parlé au Cambodge et dans les régions limitrophes de Thaïlande par les Khmers Surin (du nord) et au Viêt Nam par les Khmers Krom, ce qui s’explique par l’histoire de ces pays.
C’est une langue non-tonale, contrairement au vietnamien, l’autre grande langue môn-khmer.
On compte environ 13 millions de locuteurs.

Quelques références littéraires et cinématographiques

CAMBODGE

CINÉMA

Le cinéma au Cambodge naît dans les années 1920 où des documentaires sont tournés par des étrangers, mais ce n’est qu’à partir de 1950 que l’on voit apparaître les premiers films muets de réalisateurs cambodgiens (Ieu Pannakar, Sun Bun Ly…) formés à l’étranger. L’un d’eux Norodom Sihanouk, le roi lui-même – véritable demi dieu pour son peuple et père de l’indépendance – passionné par le 7ème Art, écrit, réalise et produit de nombreux films dans lequel il apparaît comme acteur. Des 400 films réalisés entre 1960 et 1975, considéré comme l’âge d’or du cinéma khmer, il ne reste qu’une trentaine de copies en mauvais état. De 1975 à 1979 le Cambodge vit quatre années de terreur, Phnom Penh tombe aux mains des Khmers rouges qui causeront la mort de près de deux millions de personnes, soit le quart de la population de l’époque. Les ¾ des gens du milieu du spectacle sont massacrés. A l’issue de cette terrible période les cinémas de Phnom Penh sont ré-ouverts, mais l’industrie du cinéma reprend lentement, les acteurs ou réalisateurs des années 60 étant décédés ou ayant fui leur pays. Les salles de cinéma sont devenues des restaurants ou des karaokés.

Quand Marcel Camus se rend au Cambodge pour tourner son film l’Oiseau de paradis, Nary Hem, la sœur du réalisateur cambodgien Yvon Hem, interprète le rôle de l’actrice principale. Yvon Hem, lorsqu’il montera son propre studio, lui donnera le nom du film d’Albert Camus. Les années 1990 sont marquées par des œuvres venant de cambodgiens installés à l’étranger, le plus célèbre d’entre eux sera Rihty Panh. Après avoir subit les camps de travail des Khmers rouges, Rihty Panh réussit à s’enfuir en Thaïlande puis à gagner la France. Réfugié à Paris il entre à l’IDHEC en 1985 et quand en 1994 il réalise Les Gens de la rizière, c’est le premier film cambodgien sélectionné en compétition au Festival de Cannes. À propos de ses films il confie : « Je poursuis le travail de mon père. Transmettre. Donner la connaissance. J’ai tout sacrifié pour ce travail, qui me prend ma vie ». Mes films, explique-t-il, c’est d’abord pour réparer la conscience d’un pays où le mensonge a succédé au génocide.

Dans les années 2000 on assiste à une lente reprise, le film Kon Pouh Keng Kang (la fille du roi-serpent), de Fay Sam Ang connaît un vrai succès public, comme Tum Teav du même réalisateur (2002), mais les salles de cinéma font défaut. En 2005 un festival de cinéma est créé à Phnom Penh. Plusieurs cinéastes s’attachent à présenter des reconstitutions historiques, comme Chea Vanna (Decho Dom Den) et Korn Chanthy (La fille du roi des éléphants blancs), ou des films consacrés aux fantômes tel que Khmaoch Yom Hek Phno Le fantôme en pleurs est sorti du tombeau). Cependant de nombreux cinéastes, à commencer par Rithy Panh, vont consacrer une grande partie de leur travail au devoir de mémoire lié au traumatisme vécu sous la tyrannie des Khmers rouges. Des réalisatrices cambodgiennes installées à l’étranger, comme Christine Bouteiller (Les Égarés) ou Roshane Saidnattar (L’important c’est de rester vivant) qui, rescapée des camps de la mort au Cambodge porte un regard avec une résonance intime, participent, même à distance, à cet important travail de reconstruction de toute une nation. La restauration des films, notamment ceux réalisés ou scénarisés par Norodom Sihanouk, par les Archives françaises du film du CNC, permet de redécouvrir ce cinéma de l’âge d’or.

 

APSARA

S.M. NORODOM SIHANOUK (1965)

S.A.R. la Princesse Norodom Buppha Devi (Neang Kantha Devi), S.E. Samdech Nhiek Tioulong (Général Rithi), S.A.R. le Prince Sisowath Chivanmonirak (Lieutenant Phaly), Mme Saksi Sbong (Mme Rattana, amie du Gén. Rithi), S.A.R. le Prince Norodom Narindrapong (Le petit Narin, frère de Phaly)…

Il s’agit d’une touchante histoire d’amour. Le général Rithi – qui a pour maîtresse Rattana, une jeune veuve – s’éprend follement de Khanta Devi, une ravissante étoile du Ballet Royal. Il souhaite l’épouser et la mère de la ballerine accepte sans même demander l’avis de sa fille. Or celle-ci est amoureuse d’un ami d’enfance, le lieutenant Phaly, à qui elle a juré que « rien ne les séparerait ». N’osant pas désobéir à sa mère elle épouse le général Rhiti, mais le soir de ses noces elle demande à faire chambre à part. Contrainte d’avouer la raison de son attitude le lendemain à son mari, celui-ci lui demande de réfléchir. Les problèmes aux frontières s’intensifient et le général doit organiser les renforts. Phaly, pilote de mig, se pose en catastrophe et, blessé, il est rapatrié d’urgence à l’hôpital de Phalong. Ému par l’amour des deux jeunes gens, Rithi rend sa liberté à sa femme et épouse Rattana. Dans ce premier film de fiction de Norodom Sihanouk, tous les interprètes jouent sur scène le rôle qu’il joue dans la vie. C’est la famille du chef de l’Etat et quelques intimes qui fournissent la majeure partie de la distribution. C’est une première à l’époque de voir de vrais Princes et Princesses et de vrais officiers et soldats apparaîtrent sur un écran. « Apsara » est le nom des danseuses célestes sculptées sur les bas-reliefs des temples d’Angkor. Le plus souvent coiffée d’une tiare d’or, elle symbolise le pays à travers le monde.

TRAGIQUE DESTIN

S.M. NORODOM SIHANOUK (1969, sorti 1980)

Saveth Dy, Nem Nop, Mayasiddh, You Leng Peou, Nova Kim, Sbong Saksi

Dans un village de pêcheurs vit Nary, la cousine et fiancée de Sok, un jeune orphelin. Le prince héritier Rithivong tombe amoureux d’elle et lui demande d’être sa seconde épouse. Nary est contrainte d’accepter et Sok, en compensation, obtient un poste de gouverneur de district. Mais celui-ci refuse l’offre et s’introduit au palais, ce qui lui vaut d’être jeté en prison. La princesse demande qu’il soit libéré mais Rhitivong désobéit, s’enfuit avec Nary, à qui il propose de devenir sa première épouse, puis il la viole. Pourchassés par l’armée du roi, Rhitivong est tué par son père. Sok, autorisé à partir avec Nary, découvre qu’elle s’est empoisonnée. Terrassé de douleur, il part dans la forêt tenant sa bien-aimée dans ses bras.

CRÉPUSCULE

S.M. NORODOM SIHANOUK (1969)

Monique Sihanouk, Samdech Norodom Sihanouk, Saveth Dy, Syphuong Kol, Sam El Meas, Tioulong Visakha, Sam Oeun Kong, Seng Pen dit Suy

Le prince Adit vit retiré à Siem Reap. Atteint de fréquentes crises de malaria, il a été obligé de prendre à son service la jeune infirmière Sopheap. Quand la princesse indienne Maya Maharani, invitée au Cambodge pour assister aux fêtes de l’indépendance, lui rend visite, il saisit l’occasion de lui faire visiter les temples d’Angkor. Ils tombent amoureux, mais la dévouée Sopheap aime secrètement le prince…

MON VILLAGE AU COUCHER DU SOLEIL

KWEUN DJO DJEUNG (1992)

Norodom Sihamoni, Kanika Mâm, Chariya Sân, Samedy My, Kun Yok, Saroen Ros, Norodom Charuchak, Savong Vorn, Sovannary Sin

Neari, infirmière dans un hôpital de la province de Siem Reap, se souvient du jour où Seiha, un jeune médecin cambodgien, est arrivée à l’hôpital à son retour de France. Ils travaillent dans un service qui traite des blessures causées par les mines antipersonnel. Seiba habite chez sa cousine Dara dont le mari est invalide de guerre. Elle tente de séduire en vain son cousin qui finit par épouser Neari. Furieuse, elle part pour Phnom Penh, Neari et sa sœur s’occupent de Sok. Son suicide affecte profondément Neari et Seiba. Ce dernier accompagne une équipe de démineurs, une opération toujours à hauts risques. Reviendra-t-il de cette mission périlleuse ?

UN PAYSAN ET UNE PAYSANNE EN DÉTRESSE

KWEUN DJO DJEUNG (1994)

Kalyan Keo, Chhani Yuthara, Prasith Khai, Rindaro Tep

Nous sommes en 1993, avant les élections législatives placées sous la tutelle de l’Autorité de transition des Nations unies. Kem et Nit, frère et sœur orphelins, vivent dans un village où soudain débarque un commando rebelle. Le commandant Cheyrit est séduit par Nit et Mân, son bras droit, tend une embuscade et tue une officier onusien. Craignant des représailles gouvernementales, ils prennent la fuite. Kem accepte que sa sœur épouse Cheyrit et pendant leur lune de miel l’affreux Mân profite de cette parenthèse pour perpétrer un massacre dans un village de pêcheurs. Cheyrit et Mân, dont les positions politiques divergent, ont une vive altercation à l’issue de laquelle Mân tue Cheyrit. Mân amoureux de Nit veut la forcer à l’épouser, elle refuse et, n’acceptant pas qu’elle lui résiste, il s’apprête à la tuer. Mais Kem intervient et le blesse à mort. Nit retourne dans son village natal pour exercer la puériculture et la pédiatrie.

UNE AMBITION RÉDUITE EN CENDRES

SETHA SENG (1995)

Kosal Keo, Rathkunthea Neary, Soth Mom

Nous sommes en 1995. Un astrologue et son disciple le prince Soryareaksmey vivent reclus dans un temple en ruine d’Angkor depuis cent cinquante ans. Le secret de leur longévité et de leur vieillissement physique qui s’est arrêté, viendrait de leur chasteté, de la sorcellerie et de la mise en application de principes de Bouddha. Depuis 1970 le peuple cambodgien est opprimé et le prince – descendant du roi Jayavarman VII, le bâtisseur d’Angkor Vat – revient parmi les vivants pour leur venir en aide. À cette occasion le prince rencontre Vany, une jeune paysanne dont il tombe amoureux. L’ermite affolé éloigne la jeune fille, mais le prince la retrouve et décide de l’épouser. Le lendemain de leur nuit de noces, la mariée pleure la mort de son époux, quant à l’ermite il est réduit en cendres !

BOPHANA, L’AMOUR AU TEMPS DES KHMERS ROUGES (TRAGÉDIE CAMBODGIENNE)

RITHY PANH (1996, Prix du Public « Vues sur les Docks » (Marseille), Meilleur Documentaire de Création, 37e Festival International de Télévision (Monte-Carlo)

Bophana est un documentaire qui présente un témoignage poignant et authentique d’une femme au temps des Khmers rouges, sous le régime de Pol Pot. Bophana et son mari forment un jeune couple arrêté et torturé. Bophana, qui refuse d’abandonner son mari et de céder à la folie ambiante, continue à lui écrire des lettres d’amour. Accusés de conspiration ils sont tous les deux exécutés en mars 1977 dans la prison S 21. Rithy Panh a mené une enquête sur ce drame et, en s’appuyant sur leur correspondance tendre et désespérée, il a décidé d’en faire un film pour que cette histoire ne tombe pas dans l’oubli car pour le réalisateur : «  l’anonymat dans un génocide est complice de l’effacement ». L’œuvre de Rithy Panh est imprégnée du travail de mémoire et de douleur des survivants du génocide. Le cinéma lui a permis de retrouver la culture cambodgienne et d’affirmer dans une interview en 2005, « qu’il s’agit pour le peuple cambodgien de se réapproprier son identité et ses racines ».

QUE LA BARQUE SE BRISE, QUE LA JONQUE S’ENTROUVRE

RITHY PANH (2001)

Vantha Talisman (Bopha), Eric Nguyen (Minh)

C’est l’ histoire d’un amour impossible entre Bopha, rescapée du génocide des Khmers rouges, et Minh, boat people vietnamien confié par sa mère à un passeur alors qu’il était encore un enfant. Elle, tient un restaurant dans le 13e arrondissement de Paris, lui vit de petits boulots mais surtout il s’endette au jeu. Ils forment un couple étranger, qui subit les préjugés lié à leur statut, et Lacksmey, la fille de Bopha, souhaite en savoir plus sur son père mort dans les camps. Minh et Bopha sont, confie Rithy Panh  dans une interview à Arte « : conscients d’être tous les deux des « poussières » de l’Histoire, victimes de bouleversements qui les dépassent totalement ». Leur seul moyen de communiquer n’est-il pas dans leur langue d’adoption, le Français. Une langue qui les rapproche et les isole, car chacun a son propre vécu rempli d’images violentes qui continuent de hanter même leurs rêves. La vie a fait d’eux des solitaires : « La passion qui les unit est vécue comme dangereuse, parce qu’elle met en miroir leurs désespoirs respectifs. », explique le cinéaste.

TUM TEAV

FAN SAM ANG (2003)

Danh Monica (Teav), Son Sophea (Tum), Chan Dara Thy (Pai) – Inspiré d’une histoire célèbre de la littérature classique khmère.

Un jeune moine se rend de village en village et vend des paniers en chantant. Un jour il rencontre Teav, tombe follement amoureux d’elle et quitte son monastère pour vivre cette idylle. Le Roi, désireux d’avoir une nouvelle concubine, envoie ses agents qui découvrent Teav et la ramène au palais où Tum reçoit un choc en la voyant arriver. Il s’est fait engagé comme poète de cour et le roi le tient en estime. Il se décide à lui parler et lui confie son amour pour la belle Teav. Le Roi, compréhensif et bon, accepte de renoncer à Teav et les autorisent à se marier. Mais la mère de Teav est contrariée, car elle souhaitait que sa fille épouse le fils du gouverneur. Tum avertit le Roi. Ce dernier désapprouve le vœu de la mère et indique sa volonté en écrivant une lettre qu’il remet à Tum. La mère de Teav voit Tum et sa fille enlacés, furieuse elle se rend chez le gouverneur pour le tenir informer ; Celui-ci fait battre à mort Tum et Teav désespérée se suicide. Le roi apprenant le drame fait exécuter les coupables et leurs familles.

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