pag-ibig

Philippines

* "amour" en Filipino

Quelques précisions sur cette langue

Le filipino (ou pilipino) est une des deux langues officielles des Philippines, l’autre étant l’anglais. Le pilipino est devenue par volonté politique langue officielle en 1973. Il est basé sur le tagalog (ou tagal), une langue qui appartient au groupe malayo-polynésien des langues austronésiennes qui a été enrichie par de nombreux mots venant de l’espagnol et de divers dialectes de l’archipel. Il est parlé comme langue maternelle par 17 millions de personnes et comme langue secondaire par 50 millions de personnes sur une population totale de 93,8 millions d’habitants (2010).

L’usage a fini par créer une confusion entre les termes pilipino et tagalog. Les ethnies philippines, très diversifiées, parlent plus de 175 langues, elles-mêmes avec de nombreuses variations dialectales.

Quelques références littéraires et cinématographiques

PHILIPPINES

CINÉMA

Bien que le cinéma philippin soit l’un des plus anciens d’Asie du Sud-Est, il est probablement l’un des plus méconnus d’Asie. L’absence d’une cinémathèque nationale et les aléas de la vie politique (guerre du Pacifique, invasion japonaise) ont contribué à la perte de nombreux films d’où la difficulté de retracer les grandes époques de cette cinématographie. Les premiers films parlant ont été adaptés d’œuvres littéraires, le premier d’entre eux  est Le poignard doré de Antonio. G Sempio (en tagalog, 1933). À Manille sont organisés plusieurs festivals de cinéma dont le festival international Cinemalia  et le Metro Manila Festival. La restauration des films permet aujourd’hui de redécouvrir l’œuvre de réalisateurs tels que le grand cinéaste philippin Lino Brocka, dont l’œuvre est restée indisponible pendant près de trente ans. Dans les années 1960 plusieurs réalisateurs se démarquent comme Gerardo de Leon, Lamberto Avellana (The ruins, 1956) ou Gregorio Fernandez, et de jeunes stars (Tirso Cruz III, Edgar Moritz, Vilma Santos et Nora Aunor) font leur apparition. A partir de 1980 c’est  principalement à travers les festivals que des cinéastes tels qu’Ishmael Bernal (City after dark, 1980, Miracle (1982) et Lino Brocka (Insiang, 1977, Bona, 1981) se font connaître à l’étranger. Deux femmes réalisatrices Marilou Diaz-Abaya  et Laurence Guillense se distinguent durant cette période. Sous le régime de Ferdinand Marcos (1965-1986), plusieurs réalisateurs bravent la censure mais à partir de 1990 on assiste au déclin du cinéma philippin. Depuis 2005 une nouvelle génération participe à sa renaissance et deux cinéastes majeurs, Brillante Mendoza et l’inclassable Lav Diaz, créent des œuvres très personnelles.

BADJAO

LAMBERTO AVELLANA (1957, noir et blanc, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure photographie et meilleur montage au Festival du Film Asiatique de 1957)

Rosa Rosal (Bala Amai), Joseph de Cordova (Datu Tahil), Tony Santos (Hassan), Vic Silayan (Jikiri)

Ce film relate une histoire d’amour entre deux jeunes appartenant à des tribus rivales : les Badjao, des hommes de la mer non musulmans et vivant dans le sud de Mindanao, et les Tausug, des hommes de la terre de confession musulmane.   Hassan, un plongeur de perle badjao, est attaqué sur son bateau par des musulmans. Il se rend dans leur village et parlemente pour tenter de faire la paix entre les deux tribus. À cette occasion il rencontre Bala Amai, une jeune fille musulmane, nièce du chef de la tribu. Ils tombent amoureux et Hassan souhaite l’épouser. À priori, la famille de Bala Amai est réticente à tout mariage entre des tribus différentes. Mais, la perspective d’avoir des perles bleues en dot, l’incite à accepter ce mariage mais sous certaines conditions. Hassan doit venir vivre dans leur village, ce qui est contraire aux traditions Badjao, et cultiver la terre. Hassan, renié par son père, accepte par amour les conditions qui lui sont imposées.  Plus tard, le chef demande à Hassan d’arrêter de travailler la terre et de reprendre la plongée des perles. Il explique que c’est impossible, sa maison est incendiée et il prend la fuite avec sa femme et son bébé qui vient de naître. Il retourne chez les siens qui le rejettent. Selon une coutume locale, il jette son bébé à la mer et si il est sauvé, il est digne de vivre. Sauvé des eaux par les siens,  Hassan est accueilli à nouveau dans son clan. Rosa Rosal, est une star du cinéma philippin.

SA MGA KUKO NG LIWANAG (MANILLE, DANS LES GRIFFES DU NÉON/DES TÉNÈBRES)

LINO BROCKA (1975) adapté du roman Manille, dans les griffes du néon d’Edgardo Reyes

Hilda Koronel (Ligaya), Rafael Roco (Julio), Lou Salvador Jr. (Atong), Tommy Abuel (Pol), Jojo Abella (Bobby), Joonee Gamboa (Omeng), Pio De Castro III (Imo), Danilo Posadas (Ben), Joseph Jardinazo (Frank), Spanky Manikan (Gido), Edipolo Erosido (Eddie), Pancho Pelagio (M. Balajadia), Purita Yap (Nanay)

Lino Brocka (1939-1991), décédé prématurément dans un accident de voiture à 51 ans, était le plus célèbre réalisateur philippin à cette époque et ce film a établi sa notoriété à l’étranger. Ligaya quitte sa campagne pour aller étudier à Manille. Son fiancé Julio, un jeune pêcheur, sans nouvelle d’elle se décide à aller la retrouver. Il se fait embaucher comme ouvrier  sur un chantier mais très vite, happé par l’univers des bas-fonds de la capitale philippine, il se retrouve à errer entre les mirages et les désillusions  de cette incroyable ville tentaculaire. Ce n’est qu’après avoir vécu une longue descente aux enfers et traversé bien des épreuves  (physiques et morales) que Julio retrouve sa fiancée disparue. Une sorte de transposition du mythe d’Orphée dans les griffes des réseaux de la prostitution de Manille. Un film phare du cinéma philippin moderne, d’un réalisme puissant et sensible, présenté dans le cadre de « Cannes Classics » en 2013.

INSIANG

LINO BROCKA (1976, premier film philippin sélectionné à Cannes en 1978, version restaurée 2015, présentée à « Cannes Classics 2015 », le film a obtenu de nombreuses récompenses  notamment, Meilleur film de la décennie au Metro Manila Film Festival de 1976 et au Gawad Urian Awards 1981)

Hilda Koronal (Insiang), Mona Lisa (Tonya), Ruel Vernal (Dado) Rez Cortez (Bebot), Marlon Ramirez (Nanding), Nina Lorenzo (Ludy), Carpi Asturias (Karyas), Mely Mallari (la belle-soeur)

Ce film, qui révéla le cinéma philippin et un cinéaste majeur,  traite d’un mélodrame familial qui se déroule dans les bas-fonds de Manille, un univers qui engendre une terrible misère sociale. Le film, comme l’explique Lino Brocka, a été tourné en onze jours, c’est dire l’urgence de traiter d’un sujet avec tous les risques qu’il pouvait comporter, le film ayant été tourné dans un vrai bidonville. Le cinéaste jette un regard dur et réaliste sur son propre pays.                                                                                                                                                                                             L’adolescente Insiang vit au cœur d’un univers sordide dans un bidonville de Manille, avec une mère tyrannique qui collectionne les amants. Elle est blanchisseuse, livre le linge à domicile et se démène comme elle peut dans ce milieu dominé par deux fléaux, l’alcool et le chômage. Quand sa mère revient chez elle avec son nouvel amant Dado, un gigolo qui pourrait être son fils, celui-ci trouve que sa « belle fille »  a bien du charme… Insiang est amoureuse d’un garçon de son quartier et, malgré son visage angélique, elle est décidée à ne pas être une victime du milieu machiste dans lequel elle vit, et elle prend le parti de se venger de ceux qui l’ont maltraitée et humiliée. La fin du film, particulièrement déchirante, montre un étonnant face à face entre la mère et fille.

BROKEN MARRIAGE

ISHMAEL BERNAL (1983)

Vilma Santos (Ellen), Christopher de Leon (Rene), Orestes Ojeda (Wowee), Harlene Bautista (Chinkee), Cesar Montano

Ishmael Bernal (1938-1996), est l’un des plus célèbres cinéastes philippins, ses films révèlent des drames psychologiques (Wild Flower,1976),  Your husband, my lover,1978), Pleasur, 1979), The Affair,1982). Dans Broken marriage on suit la complexité d’une vie de couple où chaque protagoniste est tiraillé entre sa carrière et ses obligations familiales, une situation qui conduit a brisé les liens de ce mariage.

TEMPTATION ISLAND

JOEY GOSIENGFIAO (1980)

Dina Bonnevie (Dina), Azenith Briones  (Azenith), Jennifer Cortez (Suzanne), Bambi Arambulo (Bambi)

Quatre hommes et quatre femmes se retrouvent sur une île déserte. Pas très difficile d’imaginer le déroulement de l’intrigue… Une comédie sexy, extravagante et dérangeante. Un cinéaste connu pour ses comédies sexy, celle-ci est considérée comme son film culte.

JOHN JOHN

BRILLANTE MENDOZA (2007)

Cherry Pie Picache (Thelma), Eugene Domingo (Bianca), Kier Segundo (John John), Dan Alvaro (Dado), Eugene Domingo, Jiro Manio (Juri)

Un film sensible et profondément humain évoquant l’amour et le déchirement d’une mère adoptive. Thelma et son mari Dado accueillent à travers une institution des enfants abandonnés. Le petit dernier, John John âgé de 3 ans, dont Thelma s’occupe depuis la naissance, est sur le point d’être adopté par un couple d’Américains. Elle sait cette séparation inéluctable, mais elle a tellement de mal à l’envisager. Elle est une famille pauvre vivant au cœur d’un bidonville de Manille, alors bien sûr pour le petit John John, la perspective de cette adoption lui assurera une vie meilleure. Le temps passe, Thelma profite des derniers instants précieux avec l’enfant, ne montre rien de sa tristesse, de son trouble. Secrètement, probablement, se demande-t-elle comment elle va pouvoir lui dire adieu. Arrive l’instant du rendez-vous dans un hôtel international avec la famille adoptive américaine. Déchirant, le moment de la séparation définitive… Brillante Mendoza aborde avec délicatesse une réalité sociale où se télescope deux univers, John John passant de l’un à l’autre sans le savoir.

ANG BABAENG HUMAYO (THE WOMAN WHO LEFT, LA FEMME QUI EST PARTIE)

LAV DIAZ (2015, noir et blanc, Lion d’or du meilleur film de la Mostra de Venise 2016)

Charo Santos-Concio (Horacia),  John Llyod Cruz (Hollanda), Michael De Mesa  (Rodrigo), Shamaine Buencamino (Petra)

Un film écrit et réalisé par Lav Diaz, un cinéaste hors du commun, qui ne mesure pas le temps mais l’étire « c’est ma liberté, ma façon de m’exprimer »,  pour raconter une histoire … « La femme qui est partie » ne dure que 4 heures, mais ses films peuvent parfois durer 6 ou 8 heures (The Lullaby to the sorrowfull mystery, 2016)

Horacia, le personnage principal, a passé 30 ans en prison pour un crime qu’elle n’a pas commis. Ce crime avait été commandité par un ex-amant jaloux. À sa sortie, elle renoue avec le dehors et retrouve sa maison, sans son mari qui est mort, sans sa fille qui est partie vivre loin et sans son fils, porté disparu, probablement victime d’un rapt à Manille. Horacia, écartelée au milieu d’une société violente, cherche celui qui a brisé sa vie : elle hésite entre le pardon ou la vengeance.

s