사랑

Corée du Nord

Corée du Sud

* "amour" en Coréen

" Je t'aime "
Quelques précisions sur cette langue

Le coréen est une langue parlée en Corée, dans les districts frontaliers de la République populaire de Chine (Yanbian) et dans les communautés émigrées (notamment au Japon, en Chine (Pékin, Shandong), en Russie, en Australie, aux États-Unis, en France, etc.). Elle est la langue officielle de la Corée du Nord et de la Corée du Sud.
La classification du coréen est encore controversée. La plupart des linguistes le considèrent comme un isolat tandis que d’autres le regroupent dans une hypothétique famille altaïque. Quelques similitudes avec le japonais ont été relevées.
L’alphabet qui sert à écrire le coréen est le hangeul ; les hanja (sinogrammes employés dans cette langue) sont également utilisés, une assez grande partie du lexique étant d’origine chinoise (du moins hors du vocabulaire courant).

Quelques références littéraires et cinématographiques

CORÉE DU SUD

CINÉMA

Le cinéma de la Corée du Sud, principalement depuis les années 1950, est lié aux soubresauts de l’histoire de la péninsule. Selon les périodes l’industrie cinématographique s’épanouit (premier âge d’or dans les années 1950-1960), disparaît peu à peu, voire totalement, puis renaît avec une ferveur créatrice. Le renouveau du cinéma coréen s’amorce en 1987, sur fond des Jeux Olympiques de Séoul, période qui correspond à la fin d’une dictature militaire de 27 ans et à l’ouverture démocratique devenue définitive en l’an 2000. Depuis le cinéma coréen connaît une étonnante vitalité. Mais déjà, dès 1996, avait été crée le Festival international du film de Busan (anciennement Pusan), la deuxième ville de la Corée du Sud. Il a deux volets : « New Currents », réservé aux films asiatiques et « World Cinéma » destiné à faire connaître les cinéastes du monde. Au fil des années il est devenu le plus important festival de films d’Asie. Paris a fêté les dix ans de son festival de films coréens en 2015.

SARABANG SONNIM-KWAŏMŏNI (L’INVITÉ DE LA CHAMBRE D’HÔTE ET MA MÈRE)

SIM SANGOK (1961)

Adapté d’une œuvre de Chu Yosop – Kim Ching’gyu (le peintre Han), Choe Unhui (la veuve), Ujin (la belle-mère), Chŏn Yŏngsŏn (la petite fille)

La vie tranquille d’une famille bourgeoise, trois veuves (La mère, la belle-mère et la servante) et une petite fille, se trouve perturbée par l’arrivée d’un peintre, ami du père, qu’elles accueillent dans la chambre d’hôte. La fillette est ravie de la compagnie de l’artiste avec qui elle noue une amitié. Un jour, alors qu’une camarade lui demande si elle est accompagnée de son père, elle se tourne vers le peintre et lui demande si il ne voudrait être son père. Elle cueille des fleurs pour sa mère et au moment de les lui donner elle décide de lui faire croire qu’elles sont de la part de l’artiste. La petite fille sent et comprend bien des choses. Sa mère a des attentions délicates envers le peintre, que cette femme trouble, et ils tombent amoureux. Mais, malheureusement, il y a la belle-mère qui n’entend pas donner son accord à cette idylle. Sa belle-fille, résignée, l’accepte et le peintre finit par partir. Le jour de son départ, la mère et la fille montent sur la colline pour voir le train qui emporte le père et l’amant, qu’elles espéraient avoir trouvé dans cet homme qui s’éloigne pour toujours au loin. Un mélodrame centré sur une jeune veuve qui ne peut surmonter les lois du confucianisme et avouer son amour à l’homme qu’elle aime.

MAENBALEUI CHEONGCHUN (LA JEUNESSE AUX PIEDS NUS)

KIM KI DUK (1964)

Les deux héros de cette histoire d’amour dramatique sont Tusu, un garçon simple qui, mis à l’écart de la société parce qu’il est le fils d’une prostituée, se retrouve avec une bande de malfaiteurs dont il aimerait bien se détacher pour vivre honnêtement, tout simplement ; et Yoanna, une fille de diplomate qui, à l’inverse de Tusu, a vécu une vie facile et sans souci. Un jour elle est agressée par une bande de voyous et sauvée par Tusu. Cette rencontre fortuite va les rapprocher et c’est le début de leur romance. Ils vont s’aimer, mais ils savent que la société, par leurs différences sociales, leur interdit de se marier. Ils n’appartiennent pas au même monde, l’un est celui de la misère l’autre celui de la richesse et donc du pouvoir. Désespérés, ils décident de mettre fin à leurs jours. Ce film dépeint la nouvelle génération qui se révolte contre les traditions ancestrales.

SSIBAJI (LA MÈRE PORTEUSE)

IM KWON-TAEK (1986)

Kang Suyon (Ongnyŏ), Yi Kusun (Sanggyu), Yun Yangha (Ch’iho), Kim Yŏngja (P’ilnyŏ), Han Unijin

Sous la dynastie de Hi (1392-1910), Sin Sanggyu et sa femme Yu, un couple de haut rang, ne réussissent pas à avoir d’enfant. Dans la société coréenne très conservatrice tout est codifié et à cette époque on s’occupait plus des morts que des vivants. En effet, les morts ont une incroyable emprise sur les vivants c’est pourquoi cette famille noble cherche désespérément à ce que sa lignée se perpétue et que ses descendants puissent assurer le culte des ancêtres. Sous la pression de sa mère, et avec le consentement de sa femme, Sanggyu se décide à faire appel à Ongnyŏ, une mère porteuse. Cette dernière a été choisie vierge et selon des critères stricts. Bien qu’il aime sa femme Sanggyu est troublé par la beauté d’Ongnyo, il s’éprend d’elle et ressent une vraie passion charnelle. La jalousie de Yu est silencieuse mais elle pense bien prendre sa revanche au moment opportun. Ongnyŏ est traitée avec affection par la famille, elle en oublierait presque sa condition. Elle tombe enceinte et quand elle enfante d’un garçon la famille éclate de joie. Yu s’empare de l‘enfant, avant même que la mère porteuse ait eu le temps de le voir, et le soir même elle la chasse. Ongnyo, bouleversée, va prendre une décision terrible.

ADADA

IM KWŏN TAEK (1987)

Sin Yesu (Adada), Han Chul (Yŏnghwan), Yi Kyŏng- yŏng (Suryong)

Le film se déroule sous l’occupation japonaise (dates). Adada est le surnom d’une jeune fille muette, appartenant à la haute société, mais son handicap, la conduira de déboires en désillusions. Sa famille la marie à un vieux garçon, Yŏnghwan, d’une famille pauvre, et sa dot va permettre à son mari et à sa belle-famille de s’enrichir. Arrivé à une certaine aisance financière, son mari va sombrer dans l’alcoolisme et se désintéresser de sa femme qu’il ne supporte plus. Il décide de partir faire du commerce en Mandchourie et Adada, soutenue dans un premier temps par ses beaux-parents, fini par être tenue à l’écart. Quand Yŏnghwan est de retour, il rentre avec une nouvelle femme et s’achète une nouvelle maison. Adada décide de retourner vivre chez ses parents qui la renvoient (une fois mariée une femme ne peut prétendre revenir au foyer familial). Elle repart chez son mari qui la chasse et lui rend sa dot. Désespérée, elle tente de retrouver Suryong, un ancien prétendant. Ils vivent ensemble dans la montagne jusqu’au jour où Suryong découvre qu’Adada a beaucoup d’argent. Il ne veut plus travailler, veut acheter des terres et s’enrichir. Adada, craignant d’être une nouvelle fois abandonnée, comprend que cet argent est l’objet de ses malheurs. Elle s’en débarrasse et le jette dans la rivière. Suryong tente de récupérer l’argent et l’issue ne peut qu’être tragique…

WOUMOUKBEMI-UI SARANG (L’AMOUR A UMUKBAEMI)

JANG SUN -WOO (1990)

D’après une oeuvre de Pak Yŏnghan – Pak Chunghun (Pae Ildo), Ch’oe Myŏnggil (Min Kongnye), Yu Hyeri

Pae Ildo, un modeste tailleur à la campagne, décide d’aller travailler dans une usine de confection à Umukbaemi. En ville, il fait la connaissance d’une jeune femme de mauvaise vie, ancienne serveuse dans un bar, violentée par son mari. Ils vont vivre une véritable passion et imaginent s’enfuir ensemble par le train de nuit. Mais la femme de Pae Ildo, d’une jalousie féroce, met un terme à cette relation passionnée. Plus tard Pae Ildo réussit à retrouver Min Kongnye, mais elle refuse de croire à un nouveau départ.

NA-UI SARANG, NA-UI SINHU (MON AMOUR, MON ÉPOUSE)

LEE MYEONG-SE (1990)

Pak Joong-hoon (Yŏnjin), Choi Jun-shil (Miyŏng), Kim Bo-yeon

Yŏnjin et Miyŏng ont fait les mêmes études à l’université, se sont aimés et se sont mariés. Leur nuit de noce n’a pas été un grand moment de leur vie, mais le couple paraît harmonieux. Miyŏng, cependant, ressent de l’ennuie et un jour elle est troublée par une carte postale que lui envoie son premier amour. Elle aimerait le revoir et caresse pendant un temps cet espoir. Son mari, reçoit un prix littéraire qui récompense une première œuvre, un événement qui déclenche une querelle dans le couple. Elle lui reproche de l’avoir pris comme modèle et de la présenter sous un angle peu flatteur. Ils ont deux enfants, la vie continue, ils semblent heureux. Un soir, allongé sur leur lit dans l’obscurité éclairée par un rayon de lune, ils rêvent et s’interrogent probablement sur la complexité de l’amour, la fragilité du couple, de la vie à deux. Un remake de ce film My love, my bride a été réalisé en 2014 par Lim Chan-sang.

KYORHONIYAGI (HISTOIRE D’UN MARIAGE)

KIM UISOK (1992)

Ch’oe Minsu (Kim T’aegyu), Sim Hyejin (Ch’oe Chiye)

Deux journalistes radio, travaillant dans la même station, tombent amoureux et se marient. Ils s’affichent comme un couple moderne, expriment librement leurs sentiments même sur leur lieu de travail ce qui suscitent des commentaires de leur entourage, peu habitué à ce type de démonstration. La relation du couple évolue. Elle, qui a désormais un poste plus important, à moins de temps à lui consacrer dans tous les domaines… La situation devient tendue et ils finissent par divorcer. Cette liberté retrouvée semble, pendant un temps, leur va très bien. Mais peu à peu un sentiment de vide, de solitude s’installe pour l’un comme pour l’autre. Ils pensent, pourquoi pas, à tenter de nouveau à vivre ensemble, mais ils sont trop fiers pour se l’avouer. Pour lui, la situation devient difficile, il donne sa démission et quitte Séoul. Il envoie un manuscrit à sa femme où il lui révèle à demi-mot ses regrets et ses désirs. Elle saisit le message et se rend sur le lieu où ils s’étaient jurés une fidélité éternelle. Sur place, il est là. Tout peut recommencer !

PALWOLUI CHRISTMAS (CHRISTMAS IN AUGUST)

HUR JIN-HO (1998)

Han Suk-kyu (Jung-won), Shim Eun-ha (Da-rim, meilleure actrice au Festival du Film asiatique de Deauville), Oh Jee-hye (Jung-sook), Shin-Goo (le père de Jung-won)

Jung-won, célibataire, vit avec son père à Séoul. Il est photographe, tient un magasin de photos et, atteint d’une maladie incurable, il se prépare chaque jour au grand départ et espère que personne ne le regrettera. Mais quand il rencontre Da-rim, il tombe amoureux et un lien de plus en plus fort se tisse entre eux. Elle est contractuelle et illumine sa vie, quand elle lui apporte tous les jours des photos d’infraction à développer. Jung-won avait anticipé bien des choses mais n’avait pas imaginé ce scénario. Da-rim ignore tout de sa maladie. Quand Jung-Woo meurt, elle ne le sait pas, et elle contemple une photo de lui…

YEOGO GODEAM (MEMENTO MORI)

KIM TAE-YONG et MIN KYU-DONG (1999)

Kim Min-sun (Min-ah), Park Yeh-jin (Hyo-shin), Lee Young-jin (Shi-eun)

Un film sensible, poétique et sombre qui se déroule dans l’univers clos d’un lycée de jeunes filles. Un matin Min-ah, trouve dans la cour le journal intime – écrit à quatre mains, avec dessins, poèmes et collages – par deux de ses camarades. Elle se cache pour le feuilleter et découvre la passion amoureuse qui les unissait. Leur amour au cœur du lycée était bien sûr tenu secret, mille et un détails révèlent leur naïveté d’adolescentes et leurs émotions. Peu après, l’une des deux rédactrices du journal se suicide ce qui provoque une vive émotion au sein de l’établissement. Min-ah choquée, ressent une profonde empathie pour la disparue comme pour la survivante, ce qui l’incite à mener son enquête. Un fantôme hante les couloirs du lycée et une psychose ne tarde pas à s’installer. Un film qui plonge le spectateur dans un univers d’ados, étrange, romantique et fantastique.

LE CHANT DE LA FIDÈLE CHUNHYANG

IM KWON-TAEK (2000)

Sélection officielle au festival de Cannes 2000 – Lee Hyo Jeong (Chunhyang), Cho Seung Woo (Mongryong), Kim Sung Nyu (Wolmae), Lee Jung Hun (le gouverneur Byun), Kim Hak Yong (Pangja)

Cette œuvre célèbre, populaire et très chère au cœur des Coréens, adaptée d’abord sous forme de Pansori (opéra populaire), a été constamment revisitée dans le cinéma coréen. D’après Im Kwon-Taek, ce film serait la quatorzième version au cinéma. Il s’agit de l’histoire tragique d’une mésalliance. Le noble Yi Mongnyong est amoureux de la belle Chunghyang, la fille d’une courtisane,   une mésalliance qui les obligent à se marier secrètement. Quand Yi Mongnyong part en voyage pour passer les concours administratifs et suivre son père, gouverneur nommé dans la capitale, Chunghyang reste en province où elle attend le retour de son bien-aimé. Le nouveau gouverneur Pyon Hakto, lubrique et corrompu, sème la terreur et profite de l’absence de son mari pour la courtiser, mais elle refuse de se laisser séduire. Éconduit, il veut la soumettre par la torture, mais sa fidélité est inébranlable. Quand, diplômé, Yi Mongnyong revient au pays, il sauve sa femme et renverse Pyon Hakto. L’histoire de Chunghyang transpose au cinéma les valeurs humaines prônées par Confucius : la fidélité jusqu’à la mort, la fidélité à un homme, la fidélité à un souverain.

BOMNALEUN GANDA (ONE FINE SPRING DAY)

HUN JIN-HO (2001)

Lee Young-ae (Eun-su), Yu Ji-tae (Sang-woo)

En reportage pendant plusieurs semaines, à l’occasion de l’enregistrement de sons pour une émission consacrée à la nature, une histoire d’amour se tisse entre Sang-woo, l’ingénieur du son, et Eun-su, la présentatrice d’une radio locale. Au cours de leur prospection – et surtout de leur écoute particulière au cœur de la forêt pour saisir la variété des paysages sonores de la Corée (vent dans une bambouseraie, cloche dans un temple bouddhique…) – ils deviennent complices, éprouvent peu à peu une attirance l’un vers l’autre et tombent amoureux. Mais Eun-su, divorcée, n’est pas prête à revivre une relation amoureuse. Aussi finissent-ils par se quitter et Sang-woo est profondément malheureux. Alors qu’il commence à l’oublier, Eun-su réapparaît soudain dans sa vie, mais n’est-il pas trop tard ?

JUNGDOK (ADDICTED)

PARK YOUNG-HOON (2002)

Lee Byeong Heon (Dae Jin), Lee Eol (Ho Jin), Lee Mi Yeon (Eun Su), Park Seon-Yeong (Ye-joo)

Étrange histoire de deux frères, Ho-jin et Dae-jin, tous deux victimes au même moment d’un accident de voiture. Dae-jin se retrouve dans un coma profond et Ho-jin meurt sur le coup. À son réveil Dae-jin, qui adorait son frère, prend ses habitudes et son apparence. Tout se complique quand il apprend à Eun-soo, sa belle-soeur, qu’il n’est pas Ho-jin. Elle refuse de croire que l’esprit de son mari ait pu être transféré dans celui de son frère, jusqu’au jour où une révélation incroyable ébranle toutes ses croyances…

SAENGHWALUI BALGYEON (TURNING GATE)

HONG SANS-SOO (2002)

Kim Sang-Kyung (Gyung-Soo), Yea Ji-Won (Myung-Sook), Chu Sang-Mi (Sun-Young), Kim Hak-Sun (Seong-Wu)

Gyung-Soo, un jeune comédien sans travail, quitte Séoul pour aller voir Seong-Wu, un vieil ami écrivain. Leurs retrouvailles se font autour de quelques bonnes bouteilles. Quand Seong-Wu lui présente la jeune danseuse Myung-Sook, dont il est secrètement épris, la jeune femme tombe follement amoureuse du comédien. Seong-Wu n’est pas dupe et leur relation amicale se détériore. Cette situation créée un malaise qui incite Gyung-Soo à partir. Dans le train qui le ramène à Séoul il rencontre Sun-Young, une femme élégante et à l’attitude ambiguë. Elle l’a vu jouer, le complimente sur son talent et tente de le séduire. Elle lui avoue qu’ils se sont connus jadis, mais il n’en a aucun souvenir. Puis, l’alcool aidant, il se souvient d’elle et la magie de l’instant opère… Est-ce son côté narcissique qui le rend soudain follement amoureux de cette femme ?

BARAMNAN GAJOK (UNE FEMME CORÉENNE)

IM SANG-SOO (2003)

Lotus du meilleur film au Festival du film asiatique de Deauville en 2004 – Moon So-ri (Hojung), Hwang Jeong-min (Young-jak), Bong Tae-gyu (Ji-woo) Baek Jung-Rim (Yeon), Hwang Jung-min,Yun Yeo-Jung (Byung-han)

Hojung est une ancienne danseuse mariée à Young-jak, un avocat de renom à Séoul, qui la trompe. Entre son travail et sa maîtresse, il a bien peu de temps à lui consacrer. Très souvent seule, elle élève leur fils adoptif et s’ennuie. Son mari vit une vie de plus en plus dissolue qui aura des conséquences dramatiques. Hojung va se laisser séduire par son voisin, un voyeur tout juste pubère, qui l’observe régulièrement depuis sa fenêtre. Dans les bras de ce jeune homme, elle se sent revivre …

 O ! SOO-JUNG (LA VIERGE MISE À NU PAR SES PRÉTENDANTS)

HONG SANG-SOO (2003, noir et blanc)

Prix un certain regard et Prix spécial au Festival de Cannes 2003 – Lee Hun-joo (Soo-jung), Jung Bosuk (Jae-hoon), Moon Sung Keun (Youg-soo)

Dans « La vierge mise à nu par ses prétendants » – dont le titre serait un clin d’œil à l’œuvre célèbre de Marcel Duchamp « La mariée mise à nu par ses célibataires, même », la très jolie Soo-jung, dont le nom signifie cristal en coréen, est l’assistante de Young-soo, un cinéaste en mal d’inspiration. Ce dernier l’emmène voir une exposition où elle rencontre par hasard Jae-Hoon, un ancien camarade de lycée, devenu un galeriste fortuné. Tout de suite, fasciné par la beauté de Soo-jung, il tombe éperdument amoureux d’elle. Soo-jung, vierge, se retrouve courtisée par deux prétendants, le galeriste et son patron, un producteur fauché. Cependant, ni l’un, ni l’autre ne sait comment s’y prendre pour la séduire. À la fois attirée et distante, elle a une liaison avec Jae-hoon mais refuse l’acte sexuel. Quand elle sera finalement déflorée, l’acte est douloureux…puis vient la désillusion amoureuse… Le choix de tourner en noir et blanc, renforce les moments forts du film. « La Vierge mise à nu par ses prétendants » fait partie d’une trilogie de Hong Sang-soo avec « Le Jour où le cochon est tombé dans le puits » et « Le Pouvoir de la province de Kangwon ». L’Héroïne la ravissante Lee Hun-joo, qui avait démarré une belle carrière, a décidé de mettre fin à ses jours en 2005, juste après le tournage de The Scarlett Letter : elle avait 24 ans.

BIN-JIP (3-IRON, LOCATAIRES)

KIM KI-DUK (2005)

Nombreuses récompenses dont Lion d’argent du meilleur réalisateur et Prix FIPRESCI à la Mostra de Venise 2005 – Lee Seung-yeon (Sun-Hua), Lee Hyun-kyoon (Tae-suk)

Tae-suk sillonne les rues à moto et laisse des prospectus aux poignées de portes des maisons, puis il repasse quelques jours plus tard. Une ruse qui lui permet de savoir si les maisons sont inhabitées. Dans ce cas il y pénètre, s’y installe mais il ne commet jamais aucun vol. C’est sa manière à lui de s’approprier l’espace mais, ce curieux personnage, ne désire en aucun cas s’approprier les lieux. Ils les respectent, les entretient y compris les jardins. Un jour il s’installe dans une maison cossue où habite une jeune femme, Sun-Hua, maltraitée par son mari. Ils tombent amoureux et elle devient sa complice dans sa manière d’habiter le monde, mais tout semble vouloir les séparer. Jusqu’où iront-ils ?

THE CLASSIC

KWAK JAE-YONG (2004)

Son Ye-jin (Ji-hae/Joo-hee), Jo Seung-woo (Joon-ha), Jo in-Seong (Sang-min), Lee Soo-in (Soo-Kyung)

Ji-hae et Soo-Kyung étudient dans la même université et elles sont attirées par Sang-min, un acteur de théâtre. Soo-Kyung, qui pense n’avoir aucun talent pour rédiger un courrier du cœur, demande à Ji-hae d’écrire des mails à Sang-min, en son nom. Elle l’accepte et lui livre ses propres pensées. Un jour, chez elle, Ji-hae trouve un coffret où sa mère rangeait son courrier. Elle y découvre son journal intime, où elle parle de son premier amour, et une photo d’un homme (Joon-ha), qui lui aussi écrivait pour les autres. Les époques se superposent, on suit l’histoire de la mère, qui a vécu une belle histoire d’amour, et celle de Ji-hae, avec des situations qui se ressemblent. Joon-ha écrit pour son ami, alors qu’il est attiré par sa fiancée, et Ji-hae combat les sentiments qu’elle éprouve pour Sang-min.

OECHUL (APRIL SNOW)

HUR JIN-HO (2005)

Ye-jin Son (Seo-young), Yong-jun Bae (In-su), Sang-Hyo Lim (Su-jin)

In-su et Seo-young viennent d’apprendre que leurs conjoints ont eu un grave accident de voiture. Ils se rendent à l’hôpital, où ils se trouvent dans un coma profond, et découvrent que leurs conjoints entretenaient une relation extraconjugale. Choqués, ils ressentent à la fois de l’amour et de la colère et, dans leur désarroi, ils vont se rapprocher l’un de l’autre… Leur amour naissant semble impossible, l’attente du réveil de l’être aimé est oppressante, les sentiments sont violents, les silences parlent, tout contribue à une fin déchirante… Un film qui a connu un grand succès en Asie et dont les deux acteurs principaux sont des stars en Corée.

GIT (FEATHERS IN THE WIND, PLUMES DANS LE VENT)

SONG-IL-GON (2004)

Un beau film romantique réalisé par le premier cinéaste coréen à avoir reçu en 1999, un prix à Cannes avec Sopoong (Picnic)

Hyeong-seong Jang (qui joue son propre rôle) est un réalisateur en manque d’inspiration. Il saisit l’occasion d’une date anniversaire qui approche pour se rendre sur l’île de Jeju-do où, il y a presque dix ans jour pour jour, il avait promis à sa fiancée de l’époque de la retrouver en ce lieu. Elle l’avait quittée pour aller faire des études en Allemagne, où elle a rencontré quelqu’un, mais peu importe il tient à se rendre sur cette île comme il le lui en avait fait la promesse.

Quand il débarque, une tempête s’annonce et il s’installe dans l’hôtel où se trouvent deux personnes, une jeune fille (So-Yeon-lee) et son oncle, devenu muet depuis la disparition de sa femme. Le décor, les vagues, la nature, le temps, l’espace, la musique… vont contribuer à faire naître et évoluer les sentiments des personnages qui se situent entre rêve et réalité. So-Yeon est fascinée par le tango, elle danse sur un bruit de vagues…

YEOJANEUM NALJAUI MIRAEDA (LA FEMME EST L’AVENIR DE L’HOMME)

HONG SANG-SOO (2004)

Sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2004 – Kim Tae-woo (Hunjoon), Yu Ji-tae (Munho), Sung Hyun-Ah, (Sunhwa)

La jeunesse qu’elle soit à Séoul, Paris ou Liverpool affiche souvent un désenchantement. Ici c’est la jeunesse de Séoul qui est mise en scène à travers un trio, une jeune femme et deux jeunes hommes. Ces derniers ont apparemment réussit, ils ont tous les deux un travail qui semblent plutôt intéressant, l’un est professeur d’art plastique, l’autre cinéaste. Mais leur quotidien ne les emballe guère et leur vie semble assez vide. Ils se sont connus à l’université et ils se remémorent, autour de nombreux verres de suko, la belle époque où ils étaient tous les deux amoureux de la même fille, la jolie Sunhwa. Aujourd’hui les années ont passé, les rêves se sont enfuis et la société qui est la leur, leur inspire plutôt un mal être. Tandis que les premières neiges tombent sur Séoul, ils décident de partir sur les traces de Sunhwa. Le titre du film, emprunté à un vers d’un poème de Louis Aragon, a été repris par Jean Ferrat comme titre de l’une de ses chansons et pour la petite histoire, la belle Sung Hyun-Ah, a été nommée Miss Corée du Sud en 1997.

BINGWOO (ICE RAIN)

KIM EUN-SEOK (2004)

Sung Jae-lee (Kang Joong-hyun) Kim Ha-neul (Kang Joong-hyun), Song Seung Heon (Han Woo-sung)

Woo-sung et Joong-hyun participent avec un groupe à une expédition en Alaska dont le but est l’ascension du Mont Asiaq en Alaska. Soudain une tempête de neige se lève, les isole et ils se retrouvent bloqués au fond d’un trou glacial. Pour s’en sortir et tenter de survivre ils décident qu’ils ne doivent surtout pas dormir. Joong-hyun, blessé à la jambe, commence à parler de la femme qu’il aimait puis, à son tour Woo-sung, évoque son premier amour. Ni l’un, ni l’autre ne peut s’imaginer une seconde qu’il s’agit de la même femme, Kyung-min.

GEU-RAN-PEU-RI (GRAND PRIX)

YANG YOON-HO (2010)

Kim Tae-hee (Seo Ju-hee), Yang Dong-geun (Lee Woo-suk), Go Doo-shim (Ko Yu-jeong), Park Geun-hyung (Hwang Man-chul), Lee Hye-eun (Oh Kang-ja)

Seo Ju-hee, une jeune femme jockey, caresse un grand rêve : remporter le Grand Prix. Un jour, lors d’une course, elle a un accident, se blesse au bras et perd son cheval. Elle pense que pour elle la compétition c’est fini et, dépressive, elle part en vacances à Jeju. Là-bas, elle rencontre Lee Woo-suk, un ancien jockey, qui a déjà remporté le championnat de la Coupe du Japon. Ils tombent amoureux et Lee Woo-suk veut absolument qu’elle continue à courir. Il l’encourage et elle accepte de faire son retour au championnat.

LES AMOURS D’OKI

HONG SANG-SOO (2010)

Lee Sun-kyun (Jinku), Jong Yu-mi (Oki), Moon Sung-keun (lui-même)

4 histoires courtes (Un jour d’incantation, Le Roi des baisers, Après la tempête de neige et Le Film de Oki,) mettant en scène les mêmes personnages dans des situations différentes. Ces 4 variations montrent la complexité des relations amoureuses, la difficulté de communiquer avec l’autre comme celle de tourner au cinéma, tout simplement la vie. Drôle, émouvant, désabusé, vindicatif, candide, les personnages le sont tour à tour et suggèrent que tout est un éternel recommencement. Le ton est enjoué et souvent décalé.

NEUKDAE SONYEON, A WEREWOLF BOY (GARÇON-LOUP)

JO SUNG-HEE (2012)

Song Joong-ki (Chool-soo), Park Bo Young (Su-ni jeune), Yoo Yeon-Seok, Lee yeong-ran (Su-ni)

Un très beau film fantastique, qui conte l’étrange et belle histoire de la rencontre de Chool-soo, l’enfant-loup et Su-ni. Cette dernière vit aux Etats-Unis où elle un reçoit un jour un appel de Corée lui annonçant que la maison où elle a vécue il y a 40 ans est à vendre. Accompagnée de sa petit-fille Eun-Joo, elle redécouvre cette demeure située à la campagne où, à cause de sa santé fragile, sa famille s’était installée pour avoir une vie plus saine et proche de la nature. Ici, elle se souvient. Petite fille timide, elle découvre un jour un jeune garçon, vêtu de haillons, affamé qui lui l’effraie. Sa mère l’accepte, pensant qu’il est l’un des milliers d’enfants orphelins de la guerre de Corée. Commence alors un curieux face à face entre la « Bête et la Belle », peu de mots, des regards, des silences, des échanges… Une curieuse relation s’établie entre Su-ni et Chul-soo et bravant la peur, elle évolue vers un amour tendre.

PASHA

AHN SEON-KYOUNG (2013)

Prix New Current Award ex æquo avec Remote control, au Festival de Busan 2013

Ce film, d’une jeune réalisatrice sud-coréenne, raconte un amour interdit entre Ga-Eul, 40 ans, une scénariste fauchée, vivant avec Joseph, 17 ans, qui vient de quitter le lycée et vit de petits boulots. Ils vivent dans des conditions modestes en compagnie de chats. Quand leur chat Hope est malade, tout leur univers est bouleversé. Un couple uni et peu conventionnel dont le quotidien est filmé avec sensibilité et tendresse.

LITTÉRATURE

La littérature coréenne classique est surtout marquée par l’importance de la poésie et du théâtre, même si ce dernier n’a pas connu le développement exceptionnel qu’il a eu en Chine ou au Japon. L’essentiel des œuvres jusqu’au XVème siècle sont écrites en chinois puis en coréen (hangul), devenu langue nationale en 1446 par la volonté du roi Sejong. Contrairement à la poésie le roman apparaît de façon plus tardive, à partir du XIIè siècle.   Les fonctionnaires, appelés p’aegwan, sont chargés par la cour de voyager pour recueillir les anecdotes et les histoires transmises par voie orale par le peuple, ce qui les amènent à rédiger de nombreuses histoires (Histoire du nuage blanc, recueil divertissant, recueil pour chasser l’ennui etc.). Il existe aussi une littérature originale dont le personnage principal est curieusement un objet (Histoire d’une pièce de monnaie, Histoire de Maître la Levure, Histoire de la femme en bambou etc.). Les spécialistes considèrent les Nouvelles de la tortue d’or, comme étant le premier vrai roman écrit par Kim Si-sup (1435-1493). Pour les XVII et XVIIIè siècles vous trouverez ci-dessous l’évocation de quelques uns des romans les plus célèbres.

En ce qui concerne la littérature moderne coréenne (fin XIXè – début XXè siècles), il s’agit d’un des moments les plus sombres de l’histoire du pays. Sous l’occupation japonaise (1910-1945) et la guerre du Pacifique, la littérature coréenne entre dans la nuit : les Japonais interdisent toute publication en langue coréenne, toute conversation en public en coréen est passible de prison. La Corée, libérée du joug japonais, est cependant divisée en deux. Les écrivains sud-coréens peuvent de nouveau publier dans leur langue sans crainte. C’est le retour à la liberté, à liberté d’expression. Mais quelques années plus tard c’est la guerre de Corée (1950-1953). Tous ces conflits vont profondément marquer des générations d’écrivains auxquels s’ajoutent les bouleversements économiques, le drame de l’urbanisation galopante, puis le miracle économique coréen et ses conséquences dramatiques sur une bonne partie de la population. Tous ces facteurs vont donner naissance à un roman « noir » qui sera contre balancé par un contre-courant, le retour à la beauté de la nature chantée par les poètes comme par les romanciers.

ROMAN

Patrick Maurus, maître de conférences de littérature coréenne à l’Inalco (Institut de langues orientales) et traducteur, nous indique que le terme roman n’existe pas en coréen. Le coréen précise-t-il : « distingue à dignité égale des textes en prose courts, moyens et longs »

Kuun mong (Rêve de neuf nuages)

KIM MANJUNG (vers 1687)

Ce roman de Kim Manjung (1635-1692) est considéré comme le grand classique du genre dans la littérature coréenne. L’idée dominante de ce récit est que la vie n’est qu’un rêve. Le jeune bonze Sŏngjin, troublé par les tentations, devient un lettré confucéen sous le nom de Yang Soyu, pour revenir vers l’ascèse et devenir bonze à la fin de son parcours. Entre ces deux pans de vie se déroule un rêve, plus ou moins symbolique, lui-même divisé en deux parties. Dans la première le lettré rencontre huit femmes, diverses dans leur rang et leur fonction (servante, courtisane, princesse, fille du Roi-Dragon…), qu’il épouse dans la seconde partie. S’enchaînent des descriptions, des situations variées, des poèmes échangés, chaque fois dans des lieux et des décors différents. La seconde partie est beaucoup plus psychologique, elle analyse le succès auprès des femmes, le bonheur éphémère.

Chroniques des jours de chagrins

PRINCESSE HYEJONG (1735-1815)

Plusieurs romans de cour relatent des intrigues de palais. La princesse raconte la vie tragique de son mari, le prince Sado, atteint d’une maladie mentale. Son père, le roi, le fait assassiner en l’étouffant dans un coffre.

Le Chant de la fidèle Chunghyang (XVIIè siècle)

CHOI MIKYUNG et JEAN-NOËL JUTTET pour la traduction française (éd. Zulma 1999)

Le récit de Chunghyang (personnage mythique du XVIIé siècle) est un texte selon Patrick Maurus : « aux origines troubles, hétérogènes, fait de morceaux disparates… » Une première version française a été publié en 1892 sous le titre Printemps parfumé, traduction du nom de l’héroïne. Les amours contrariées de Yi Mongnyong et de Chunghyang occupent une place privilégiée dans l’imaginaire des Coréens. Elle, symbolise la fidélité conjugale; lui, sauve sa femme du joug d’un horrible gouverneur qu’il réussit à chasser.

L’histoire se déroule pendant la dynastie Yi (Joseon ou Choson), sous le règne du roi Sukjong (1674-1720). Yi Mongnyong, le fils du gouverneur de Namwon, une ville de Corée du sud, s’éprend de la belle Chunghyang, la fille unique de Wolmae, une courtisane. Ils ont seize ans,   mais leur différence sociale rend, en principe, leur mariage impossible. Mais ils se marient secrètement et se jurent fidélité. Leur bonheur est de courte durée. Le « beau-père » est appelé à d’autres fonctions dans la capitale et son fils l’accompagne pour suivre ses études, passer les concours administratifs et devenir un haut fonctionnaire. Quand Byon Hakdo, le nouveau gouverneur, prend ses fonctions, il entend parler de la beauté de Chunghyang, séparée de Yi Mongnyong le temps de ses études. Cruel, autoritaire, lubrique et corrompu, il exige qu’elle entre à son service. Il tente de la séduire et, éconduit, il veut la contraindre par la torture. Elle subit des sévices, elle est battue et emprisonnée. Quand Yi Mongnyong revient à Namwon diplômé, il sauve sa femme et renverse Byon Hakdo. Adapté d’abord sous forme de Pansori (opéra populaire) l’histoire de Chunghyang a été adaptée de nombreuses de fois au cinéma.

Le cœur en deuil

YI KUANG-SU (1917)

Yi Kuang-su (1892-1950) de son nom de plume Chunwon (jardin de printemps) écrit le premier texte coréen, adoptant la forme occidentale du roman, publié d’abord sous forme de feuilleton. Il est considéré comme un des écrivains importants de la première moitié du XXè siècle, une époque où, malgré les terribles contraintes liées à la colonisation japonaise, de jeunes écrivains continuent à écrire. Emprisonné sous l’occupant japonais, libéré, puis enlevé en 1950 par des partisans Nord communistes, il meurt cette même année.

« Le cœur en deuil », c’est l’histoire d’Hi Hyong-sik, orphelin dès son plus jeune âge, élevé par Pak, le père de Yong-chae. Il part faire ses études à Tokyo, devient professeur d’anglais et essaye d’inculquer des idées modernes à ses élèves. Il aimerait poursuivre des études aux Etats-Unis puis revenir en Corée pour partager son expérience et instruire son peuple. Un riche pasteur de Séoul, lui demande de donner des cours d’anglais à sa fille Seon-Hyeong. Elle est particulièrement séduisante, il s’imagine se marier avec cette belle et riche jeune fille et partir pour les Etats-Unis. Yong-chae, qui lui a été promise par son père adoptif, lui rend visite. Elle lui est restée fidèle et chaste. Tiraillé entre ces deux femmes Hyong-sik, ne sait quelle décision prendre. Soudain un drame se joue : Yong-chae est violée, sous les yeux de Hyong-sik, par une bande de voyous. Elle s’enfuit et lui écrit une lettre d’adieu avant de mettre fin à ses jours. Hyong-sik part en vain à sa recherche. Mais Yong-chae, avant son geste fatal, prend le train pour aller voir sa mère. Pendant le trajet elle rencontre Kim Pyong-uk, une japonaise moderne à qui elle se confie. Elle lui fait comprendre que vouloir mourir est insensé et qu’elle ne doit pas souffrir pour un amour perdu, qu’une autorité patriarcale lui avait imposé. Elle lui conseille de devenir une femme moderne, de s’affirmer en amour et de choisir elle-même l’homme qu’elle épousera. Grâce à elle, elle renaît à la vie et décide de partir avec Pyong-uk au Japon pour faire des études.

Les orchidées rouges de Shanghai

JULIETTE MORILLOT (éd. Presses de la Cité, 2001)

Juliette Morillot journaliste et écrivain, a vécu plusieurs années en Corée, pays auquel elle a consacré plusieurs ouvrages. J’ai choisi de vous présenter « Les Orchidées rouges » car il traite d’un sujet dramatique et méconnu. Pour écrire ce livre Jacqueline Morillot mène une enquête de terrain et recueille de nombreux témoignages. Lors d’un de ses séjours à Séoul en 1995, nous précise l’éditeur : « Juliette fait la connaissance d’une ancienne femme de réconfort qui lui raconte sa vie ». Émue par cette confession elle décide d’écrire un livre sur ces destinées tragiques dont personne ne parlent. Que veut dire « femmes de réconfort » ? Il s’agit de femmes, contraintes par l’armée japonaise, d’intégrer l’unité des « femmes de réconfort », créée pour « soutenir » les soldats japonais, c’est-à-dire leur donner du plaisir. Ce roman raconte l’histoire de Sangmi dont le destin bascule, un certain jour de l’année 1937, époque où la Corée est sous le joug japonais. Elle a 14 ans quand, à la sortie de l’école, elle est enlevée par des soldats japonais puis, avec des dizaines d’autres coréennes, elle embarque à destination de la Mandchourie. Là bas, pendant dix ans, elle va connaître l’enfer des maisons closes, que l’armée nippone a ouvert dans l’Asie soumise à leur politique expansionniste. Elle réussit à survivre au chaos ambiant, grâce à sa force de vivre, à l’espoir de retrouver un père français méconnu et à un amour passionnel mais impossible avec une officier japonais.

Une averse (Sonagi)

KIM YU-JONG (1930-1935 ?, éd. Zelma 2005)

Kim Yu-Jong (1908-1937), orphelin très jeune, connaît bien le milieu dont il parle, puisqu’il décide de quitter Séoul en 1931, à 23 ans, et de revenir dans son village natal. Il côtoie le monde paysan et les petites gens qu’il décrit dans ses textes. Auteur de 30 nouvelles et de 12 essais, il fonde une école du soir, pour que les analphabètes apprennent à lire et à écrire. L’année 1935 il fait son entrée sur la scène littéraire : il remporte deux concours de jeunes écrivains organisés respectivement par les journaux Chosun Ilbo et Joseon Joongang Ilbo. Atteint de la tuberculose, il meurt à 29 ans et laisse une œuvre courte et dense.

« Une averse » est un recueil de neuf nouvelles où l’auteur dépeint le monde rural sous l’occupation japonaise (1910-1945). Chaque récit relate la vie d’un couple dans des situations différentes, jeune ou âgé, niais, rusé ou sans scrupule, où il y a peu de place pour l’amour et la tendresse. L’auteur donne le ton quand il dit : « Leur pauvreté leur interdit toute affection », l’important pour eux c’est de survivre et dans leur combat quotidien les couples se déchirent. Les hommes sont âpres au gain, lâches et violents. La dureté de la vie excuse-t-elle le comportement des hommes ? Les femmes battues et délaissées, sont courageuses et discrètes, mais elles peuvent aussi se révéler retorse ou manipulatrice, l’une se prostitue, une autre trahie la confiance d’un homme. « L’averse » est la nouvelle la plus célèbre. Le ton est volontiers caustique mais l’auteur sait manier l’humour et la tendresse. Chez Kim Yu-Jong, sa propre vie semble se refléter dans ses écrits. La vie conjugale est une union éphémère, un lien qui se rompt vite, plus souvent une souffrance qu’un bonheur. L’auteur aurait vécu une histoire traumatisante, sa femme se serait enfuie le lendemain de ses noces. La maison de son enfance à Sille, dans la province de Chuncheon, est aujourd’hui une Maison de la Littérature.

Le Vieux jardin

HWANG SOK-YONG (2000, trad. Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot, éd. Zulma 2005)

En l’an 2000, après dix ans d’interruption d’écriture, Hwang Sok-Yong publie Le Vieux Jardin, et à propos de ce livre il confie que c‘est un : « requiem décrivant la vie intérieure de la génération des années quatre-vingt qui rêvait d’une vie meilleure. L’auteur, dans ce roman poignant ponctué d’éléments autobiographiques, nous relate l’histoire de l’opposant O Hyônu, libéré de prison après dix-huit ans d’enfermement. Il avait participé au soulèvement de Kwangju en 1980 où la jeunesse, sévèrement réprimée, manifestait son désir de réconciliation avec la Corée du Nord. Après s’être réfugié dans la montagne chez Han Yunhi, avec laquelle il va vivre une passion, il décide de partir rejoindre ses camarades pour ne pas continuer à se conduire comme un lâche. Mais il est arrêté. Dix-huit ans ont passé et il espère pouvoir retrouver Han Yunhi, la femme qu’il n’a jamais cessé d’aimer, mais il apprend qu’elle est décédée. Artiste peintre, elle aussi n’a jamais cessé de l’aimer, il le découvre à travers le Journal intime qu’elle lui a laissé avec quelques tableaux et une fille. La Corée a changé, il se sent perdu mais ce Journal va l’aider à rester debout, à continuer. Ce roman nous livre un saisissant portrait de femme. On suit leurs épreuves, leurs interrogations, leurs souffrances, leurs choix (elle s’est impliquée dans un réseau de résistance) mais aussi leurs rêves. Un magnifique récit à deux voix adapté au cinéma par Im Sang-soo (2006)

Shim Chong, fille vendue

HWANG SOK-YONG (2003, éd. Zulma, 2010)

Hwang Sok-yong, né en Mandchourie en 1943, est l’un des romanciers les plus importants de la littérature coréenne contemporaine. Son œuvre, déjà citée pour le prix Nobel, est marquée surtout par son engagement pour le rapprochement des deux Corées. Ce combat lui a valu d’être emprisonné en 1964 pour raisons politiques puis pendant cinq ans (1993-1998), pour s’être rendu en Corée du Nord, pour représenter les écrivains du sud à un congrès mondial des écrivains, et avoir enfreint la Loi de la sécurité nationale sud-coréenne. Hwang Sok-yong s’attache plus particulièrement à évoquer les conditions de vie des milieux défavorisés et les années de tourmente qu’a connu la Corée. Ces déchirures seront la trame de ses livres où il montre combien ces conflits altèrent, voire détruisent, l’amour, l’amitié, les liens sociaux et familiaux. L’une de ses œuvres les plus connues est Monsieur Han (2002, éd. Zulma, 2004 – éd.10/18, 2010).

« Shim Chong, fille vendue », ne ressemble à aucun de ses précédents romans et l’auteur est à l’aise dans cet autre registre. L’histoire de Shim Chong se déroule à la fin du XIXé siècle sur fond de guerre de l’opium, de corruption, de trafic mafieux et d’ouverture vers les impérialismes occidentaux. C’est aussi une époque marquée par la disette et le trafic d’enfants, l’héroïne n’y échappe pas. Vendue adolescente à des commerçants chinois par sa famille pauvre, elle va connaître tous les affres de la spirale infernale dans laquelle elle se trouve emportée. En Chine, où on lui donne le nom de Lenhwa (fleur de lotus), elle est revendue à une famille riche pour devenir la geisha d’un homme âgé avec qui elle découvrira la sexualité. Le négoce sexuel est florissant dans toute l’Asie du Sud-est, des rives du fleuve jaune aux ports de Shanghai, Singapour etc. On y côtoie la prostitution la plus sordide et la plus avilissante comme le haut milieu de la séduction vue à travers les geishas. Elle se fait engager dans une maison close puis découvre la vie de courtisane à Formose, Singapour et au Japon. Elle gravit l’échelle sociale de manière fulgurante et finit par trouver l’amour dans l’île de Ryukyu, où un prince japonais tombe amoureux d’elle. Mais l’histoire de cette âme meurtrie ne se terminera pas en conte de fée : « Je ne sais même pas qui je suis. Je n’ai que mon corps. Je suis seule dans ce monde immense », dira-t-elle avant de revenir mourir sur sa terre natale. Une chronique des mœurs et une histoire des désirs, une fresque épique et romanesque saisissante sur cette époque. L’histoire est inspirée d’une légende populaire, puis d’un pansori (opéra traditionnel coréen chanté et mimé)

Princesse Bari

HWANG SOK-YONG (2007, éd. Philippe Picquier, 2013)

Ce roman célèbre conte l’histoire d’une légende coréenne. Bari, la septième fille du roi, est abandonnée par son père déçu de ne toujours pas avoir de garçon. Quand le roi tombe malade, c’est pourtant elle qui va parcourir le monde à la recherche de l’eau de vie, censée pouvoir sauvée son père. Hwang Sok-Yong s’inspire de cette légende mais sa plume plonge dans la réalité d’aujourd’hui. Bari, née dans une famille aisée doit, au temps des purges politiques, fuir et elle se réfugie en Chine avec sa grand-mère, dont elle a hérité des dons de voyances et la connaissance des rites chamaniques. Pour survivre elle doit partir en ville où, trop jeune pour se prostituer, elle devient masseuse avant de se retrouver à Londres à la suite de multiples péripéties. Là, elle doit louer un misérable lieu pour immigrés à des prix exhorbitifs. Puis elle se marie avec un jeune pakistanais, mais le parcours du couple continue à être semé d’embûches… L’écrivain confie avoir voulu aborder dans ce livre : «  le thème de l’immigration au siècle du néolibéralisme, au XXIè siècle… »

La baignoire

SEUNG-U LEE (éd. Serge Safran éditeur, 2016)

Seung-U Lee, né en 1959 en Corée du Sud, commence par étudier la théologie puis se tourne vers le journalisme avant de devenir écrivain puis professeur de littérature coréenne à l’université de Choson. Son écriture est souvent jugée précieuse par le lectorat coréen. Son livre La vie rêvée des plantes (tra. Jean-Noël Juttet et Choi Mikyung, éd. Zulma 2006, éd. Gallimard 2009), que je vous incite à lire aussi, s’est paraît-il mieux vendu en France qu’en Corée. Dans « La baignoire », on suit l’histoire d’un homme qui évolue comme un étranger dans les lieux où il vit. Son couple vacille, sa femme refuse de le suivre dans un nouveau poste, elle préfère rejoindre son amant. Nommé pour six mois dans une ville de province, il décide d’aller frapper à la porte de l’appartement d’une femme qu’il a rencontré fortuitement au Mexique à l’occasion d’un voyage d’affaires. Elle lui propose, le temps de sa mission, de l’héberger chez elle. Ils deviennent amants et, curieusement, alors qu’elle est diplômée de psychologie, la communication entre eux passe mal. Cette absence d’échanges, de complicité, de dialogues devient pesante. De plus, chaque nuit, comme pour rompre le silence, elle se fait couler un bain. Ce bruit l’insupporte et il décide de partir.

L’éditeur note à propos de l’écrivain qu’enfant, il vivait au bord de l’eau et il précise que dans son œuvre : « L’eau, est une véritable colonne vertébrale du récit (…) Les vagues venaient parfois se briser sur les fondations de la maison familiale lorsque la mer pénétrait dans la cour intérieure. Il lui est resté de cette époque une fascination morbide pour l’eau, à la fois sujet de contemplation mais aussi de peur. La Baignoire en ressort très fortement marqué par cette fascination, l’eau en devient une véritable allégorie de la mort. En effet cette femme, guide de profession, travaillait au Mexique quand l’avion qui transportait son mari et son fils venus la rejoindre, s’est abîmé en mer. Cette perte apparaît insurmontable. Et lors de la première rencontre, au cours d’une promenade sur une plage, le reflet de la lune sur la mer balise le chemin pour rejoindre son mari et son fils ».

CONTE

Contes de pluie et de lune (Ugetsu Monogatari, 1776 ?)

UEDA AKINARI (trad. René Sieffert, éd. Gallimard, 1956)

Ueda Akinari (1734-1809), après s’être fait connaître par un genre à la mode « les récits du monde flottant », se tourne vers la tradition classique, il aurait mis huit ans à écrire ce recueil de 9 contes fantastiques, inspirés de récits épiques anciens et de contes japonais. Parmi ces neufs récits on trouve : « Rendez-vous des chrysanthèmes », le plus connu, « La Maison dans les roseaux » qui raconte l’histoire du marchand Katshushirô obligé de quitter sa femme pendant une période trouble. À son retour, après de longues années, il retrouve sa maison en ruine. Elle est habitée par une vieille femme, il croit reconnaître la sienne. Mais durant sa première nuit, elle disparaît… Il apprend un peu plus tard que sa femme est morte depuis longtemps. « Le chaudron de Kibitsu » évoque une tragique histoire de couple. Isora, épouse délaissée et trompée, se venge sur sa rivale et la tue. Elle meurt à son tour et, bien qu’elle soit morte, elle réussit à s’emparer de son époux infidèle. Dans « l’Impure passion d’un serpent », on suit un serpent, qui après avoir pris l’apparence d’une femme, séduit un jeune homme et se débarrasse de son épouse. Un ascète réussira à venir à bout du monstre.

POÉSIE

La poésie coréenne est très ancienne (42 ap J.C), la première œuvre le Chant de la Tortue, est écrit en chinois classique. La poésie pendant longtemps se démarque par un caractère essentiellement magico-religieux, elle célèbre la beauté de la nature et l’enseignement de Boudha. Plus tard, la sensibilité coréenne classique s’exprime dans toutes les classes de la société, à travers le sijo (air populaire), qui comporte le plus souvent 3 vers de trois groupes de syllabes, les deux premiers donnent le thème, le dernier la conclusion. Puis apparaît le Kasa, une forme plus libre pour exprimer ses sentiments et non limitée au nombre de vers, le Koryo puis le chapka, une forme de long poème. Ko Un, né en 1933, est romancier et surtout l’un des grands poètes de la seconde moitié du XXè siècle. Son œuvre est traduite en plusieurs langues, dont le français. La poésie a aujourd’hui une place très importante dans l’édition coréenne.

YI SANG (1910-1937)

Poète et romancier, Yi sang est passé sur terre à la vitesse d’une comète, il est mort de la tuberculose, contractée dans une prison japonaise en 1936 : il avait 27 ans. Bien qu’il soit reconnu aujourd’hui comme un écrivain majeur en Corée, il n’a pas eu de succès auprès de ses premiers lecteurs et a donc fait partis des poètes maudits. Considérait comme le Rimbaud coréen, son œuvre a été reconnue après la libération, dans les années 1950 et ses œuvres complètes ont été publiées en 1956. Contemporain d’un premier Michaux, il se démarque par un style novateur et avant-gardiste et ne sera vraiment reconnu longtemps après sa mort. Comme il parlait à la première personne, il heurte son lectorat, il tente de répondre au « qui suis-je ? » et de mettre l’homme face à ses problèmes existentiels. De 1931 à 1932, il a écrit deux mille poèmes. En 1977, le Prix Yi Sang, un des prestigieux prix littéraires coréens a été crée. Écrits de sang (trad. du coréen par Son Mihae et Jean-Pierre Zubiate) dans la collection « Scènes coréennes ».

Cette poésie (juillet 1933)

Fouillant la terre en vue d’une recherche historique, j’ai mis à jour une grande pierre ; sa forme me fait dire l’avoir déjà vue quelque part. Les portefaix l’ont transportée, s’en sont débarrassés n’importe où ; je les ai suivis. C était au bord de la grande route dangereuse.

Cette nuit il a plu à verse, sûrement cette pierre a été bien lavée. Quand j’y suis retourné le lendemain, étrange, aucune trace. Une autre pierre serait-elle venue l’emporter ? Mu par cette triste pensée, j’ai composé le poème qui suit :

« Ô ma bien-aimé que j’aimais tant,

Je ne pourrais supporter

de t’oublier ma vie durant.

Pourtant je sais que ton amour

ne me viendra pas en retour.

Mais je penserai fidèlement à toi

Allons, tu seras belle pour toujours. »

Une pierre paraît me regarder fixement. Finalement, je voudrais déchirer ce genre de poème

Cinquante poèmes « Les Ailes » (éd. William Blake & Co., sous la direction de Kim Bona, 2002)

A Soyeong

1

Devant ton visage, sous la clarté de la lune, mon visage devient une feuille transparente, et les mots se figent qui voudraient te louer. Mon souffle qui fait frissonner la porte à glissière rampe dans tes cheveux qui gardent l’odeur du champ de camélias. Un à un, comme le riz, je repique mes chagrins.

2

Lorsque j’erre dans le champ d’argile, les empreintes aiguës de tes talons dégorgent de pluie. Je suis infiniment las de tes mensonges et de tes moqueries ; avant que mes chagrins n’éclatent en sanglots, je pose à terre le verre de ma déception et j’en asperge le ciel. Est-ce que ce sont tes pas qui ont bousculé mon verre, lorsque tu errais dans le champ d’argile ?

3

Un rayon de lune enfourche sur mon dos où demeure la trace de la natte de paille ; dans mon ombre, le sang perle tel le piment rouge lacéré en fines lamelles. Mais dans mes veines coule goutte à goutte l’eau glacée saisie par la clarté lunaire. Et toi voyant mon cœur en étoffe déchirée, déçu et affamé, puisqu’il se nourrit de briques, dis-tu qu’il est un aquarium ? (Aquarium, nous dit Kim Bona, signifie cœur)

KIM SO-WOL (1903-1934)

Célèbre poète coréen étudié comme Victor Hugo en milieu scolaire. En cinq ans il a écrit plus de sept cent soixante dix textes et on le considère comme le plus grand poète lyrique de l’esprit Han. Il n’a publié de son vivant qu’un seul recueil Azalées. Cependant la traduction, comme c’est toujours le cas en poésie, s’est avérée un vrai casse-tête. Sa langue simple, mais riche en nuances, paraissait intraduisible.

Invocation

Ô nom éclaté en fragments

Ô nom évanoui dans le vide

Ô nom sans réponse

Ô nom que j’invoquerai jusqu’à la mort

 

Tu as disparu avant que je l’aie prononcé

Le dernier mot gravé dans mon cœur

Ô ma bien-aimée

Ô ma bien-aimée

 

Le soleil rougeoie au-dessus des sommets de l’ouest

Le daim en deuil se lamente

C’est ton nom que j’invoquerai

Au sommet d’une colline isolée

 

J’appellerai jusqu’à m’en étouffer

J’appellerai jusqu’à ce que l’affliction m’étouffe

Mais ma voix s’évade vainement dans le vaste espace

Incapable de t’atteindre

 

J’invoquerai ton nom

Si je devais devenir pierre

Ô ma bien-aimée

Ô ma bien-aimée

HANG YONG-UN (1879-1944)

Poète important dans la poésie coréenne moderne, il est un de ses illustres poètes lyriques de la première moitié du XIXè siècle et il a connu la période difficile de la colonisation japonaise (le Japon a annexé la Corée depuis 1910), où le silence était imposé. La littérature des années 1920 est imprégnée d’un sentiment de perte et de nostalgie. Nim peut avoir de nombreuses interprétations : la bien-aimée, la patrie, l’enseignement bouddhiste. Il chante la douleur de la séparation mais celle des retrouvailles. N’écrit-il pas : «  à nouveau vivre de rire après être mort de pleurer ».

Le Silence de Nim (1926)

Nim s’en est allé. Ah, Ah ! Nim tant s’en est allé.

Par le sentier qui fend la lueur bleuâtre de la montagne et mène

Au bois d’érables, il s’en est enfin allé.

Brillante et forte comme un bouton-d’or …

Introduction à la littérature coréenne du XXè siècle (éd. Imago, 2016)

LES SIJOS

Les sijos, composés par des aristocrates étaient imprimés et signés, tandis que les sijos populaires étaient anonymes.

Sijo attribué à YI-CHO-nyon (1269-1343)

Blanc de lune sur fleur de poirier, Voie lactée, troisième veille,

L’unique rameau de mon cœur printanier, le coucou connaît, lui.

Le sentiment serait-il une maladie ? Je ne peux trouver le sommeil

Histoire de la littérature coréenne, des origines à 1919 (Les premiers sijos, p. 140, éd. Fayard 2002)

 

HWANG CHIN-HI, une Kisaeng (geisha coréenne) est l’auteur de sijos célèbres (début XVIè siècle)

Je coupe en deux la longue nuit de novembre

Glisse une moitié sous la couverture printanière

Quand il viendra, je la déroulerai pouce après pouce, pour rendre la nuit plus longue

 

MAE-CH’ANG (1573-1610)

Kiaseng et chanteuse, cette femme s’adresse à un « client » qui a trop bu :

Vous êtes ivre, monsieur, et agrippez à ma casaque de soie.

Elle suit votre main et se déchire.

Il m’est égal, monsieur, que ma casaque de soie se déchire.

Je crains seulement que notre amour ne se brise.

 

Sijos anonymes

Qu’est-ce que l’amour ?

Est-il rond ou carré ? Long ou court ?

Je ne le crois pas si long.

Mais je n’en vois pas la fin.

*

Rêve éphémère,

Pourquoi as-tu renvoyé mon amant ?

S’il revient,

Reteins le et réveille-moi.

*

Plutôt mourir que vivre sans amour

Pour devenir ensuite l’âme du coucou,

Au milieu d’une nuit de pleine lune

Et pleurer toute la nuit

Pour que mon amant m’entende

*

Si les larmes étaient des perles

Je les garderais pour les offrir à mon amant,

Mais elles ne laissent pas de traces ;

En vain elles coulent mes larmes.

*

Quand la montagne sera abattue par le vent,

Et le rocher décomposé par la pluie

C’est alors que j’oublierai mon amant.

LE MANHWA

Le Manhwa, un roman graphique qu’on ne peut oublier d’évoquer en parlant de la littérature coréenne, est plus proche de la bande dessinée franco-belge que du manga japonais.

Le mal aimé

KIM DONG-WA (éd. Casterman, 2008)

On suit, dans un milieu rural au rythme lent et une nature belle et généreuse, les destinées de plusieurs personnages à l’écoute, quelque soit leur âge, de leurs émotions, des premiers sentiments amoureux, de leurs désirs, de leurs rêves. Un jeune adolescent s’éprend d’une femme sur le point de se marier ; deux sœurs rivalisent d’idées pour attirer vers elle un prince charmant ; une femme veuve et sa fille se laissent séduire par deux marchands ambulants etc.

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