愛情

Chine

* "amour" en Cantonais

" Je t'aime "
Quelques précisions sur cette langue

Le cantonais est une langue chinoise parlée particulièrement dans le sud de la Chine, dans les provinces du Guangdong et du Guangxi, à Hong Kong et à Macao.
Le cantonais est un dialecte chinois mais d’un point de vue linguistique, il y a plus de différences entre le cantonais et le mandarin qu’entre l’espagnol et le français, même si l’intercompréhension à l’écrit est assez bonne grâce aux sinogrammes qui sont les mêmes.
À la différence du mandarin qui utilise 4 tons, la prononciation du cantonais peut utiliser jusqu’à 9 tons, c’est-à-dire que certains phonèmes peuvent se prononcer de 9 façons différentes, avec 9 sens différents en fonction de l’intonation et de l’inflexion données à la voix.

Quelques références littéraires et cinématographiques

CHINE

SHANGHAÏ ZHI YE (SHANGHAÏ BLUES)

TSUI HARK (1984)

Kenny Bee (Tung Kwok man), Sally Yeh, Sylvia Chang (Shu Shu), Loletta Lee (assistante de Shu-Shu).

Durant la guerre sino-japonaise (1931-1945) Shanghaï subit une série de bombardements dramatiques. C’est dans ce contexte qu’a lieu la rencontre d’une jeune chanteuse et d’un ancien clown, apprenti violoniste. Ils se réfugient sous un pont, se réconfortent dans l’obscurité et, sans se voir, ils attendent que la menace passe. Troublés par cette fugitive étreinte, ils tombent amoureux et se jurent de se retrouver au même endroit à la fin de la guerre. Subitement, le chaos ambiant les sépare. Le temps passe, elle est chanteuse dans un cabaret et lui tente de percer dans la musique comme compositeur. Sur fond de comédie musicale le cinéaste revisite avec ue certaine nostalgie le Shanghaï des années 30.

 

WONG GOK KA MOON (AS TEARS GO BY)

WONG KAR-WAI (1988)

Andy Lau (Wha), Maggie Cheung (Ngor), Jacky Cheung (Fly).

Premier film du grand réalisateur Wong Kar-Wai, dont l’affiche du film privilégie l’histoire d’amour qui, vécue dans le milieu de la pègre, ne pourra avoir qu’une issue tragique. Wha, un gangster respecté, sévit dans les deux plus importantes triades de Hong-Kong. Ami de Fly, une jeune tête brulée qui accumulent les ennuis et les dettes, il le surveille pour le protéger. Un chef de gang veut lui faire la peau et Wha, bien qu’amoureux de sa belle cousine Ngor, décide de sauver Fly, au péril de sa propre vie. Après l’avoir sorti de cette impasse, il veut le remettre sur le droit chemin et lui même poursuit le même but, s’extirper du milieu pour vivre auprès de sa bien-aimée. Mais dans cet univers violent des triades, le destin va en décider autrement.

 

QING YONG (TERRACOTTA WARRIOR)

CHING SIU-TUNG (1989)

Zhang Yimou (Fong Tian), Gong Li (Lili Chu), Yu Rongguang (Fei Bai-yun), Luk Suk-bung (empereur Qin), Chiu Lo-Cheung (Général Kam).

Cette histoire d’amour tragique et fantastique se passe sous le règne de Qin Shi Huangdi (259-210 av. J C), le premier empereur de Chine. Le nom de cet empereur évoque pour moi un de mes plus beaux souvenirs de Chine et un des sites archéologiques qui m’a le plus impressionné au monde. Il s’agit du fameux tombeau de cet empereur découvert à Xi’an, seulement en 1974. Ce monument funéraire, unique au monde, contenait une fabuleuse armée en terre cuite, composée de milliers de guerriers et de chevaux grandeur nature. Ce film évoque l’histoire d’une concubine promise à l’empereur Qin, mais elle aime d’un amour réciproque un des généraux de l’empereur. Démasqués, les amants sont condamnés à mort et, avant d’être séparés, ils se jurent un amour éternel. L’empereur, voulant percer le secret de l’immortalité, espère trouver la formule miracle. Avant de se suicider la concubine, qui possède une perle d’éternité qu’elle destinait à l’empereur, la donne à son bien aimé. Des siècles plus tard, sa tombe est découverte lors du tournage d’un film et ayant reçu la vie éternelle, il sort de son tombeau…

 

LEUNG JUK (THE LOVERS)

TSUI HARK (1994)

Adapté de la célèbre légende des Amants papillons – Charlie Young (Chu Yin Taï), Nicky Wu (Liang Shan Pak), Elvis Tsui (le père de Yin Taï), Carrie Ng (la mère de Yin Taï), Shun Lau (Cheung Kwaï), Peter Ho (Yun-Tung Ho).

Ce film est une sorte de conte de fée cruel où le temps semble suspendu. Un haut fonctionnaire autoritaire et tyrannique annonce à sa femme qu’il a décidé de marier sa fille unique à Chu Qin-Taï, un des héritiers de la famille Ma. Mais avant d’être présentée à son futur époux, sa fille doit acquérir des connaissances littéraires et artistiques. Elle doit suivre un enseignement dans une Ecole de futurs lettrés, mais celle-ci n’est pas accessible aux filles. Pour l’intégrer Chu Qin-Taï se déguise en garçon et pendant trois ans, elle réussit à rester dans cette institution sans éveiller le moindre soupçon sur sa sexualité. Elle tombe amoureuse d’un élève, Leung Shan Pak, qui ne semble pas indifférent, au contraire. Mais le jeune Leung Shan Pak se sent coupable d’éprouver des sentiments pour un garçon.

Plus tard, quand il découvre sa véritable sexualité, son amour s’en trouve d’autant plus renforcé mais, trop pauvre, il ne peut prétendre l’épouser. Désespérés, les amants sont séparés par leur famille. Le drame arrive, Leung Shan Pak meurt et Chu Qin-Taï est obligée de se marier avec l’homme choisit par son père. Le jour de la noce, le cortège passe devant le cimetière où repose Leung Shan Pak. Soudain un terrible orage éclate et les amants sont réunis pour l’éternité. Une magnifique histoire d’amour, un film sensible et poétique avec des instants qui relèvent d’une pure émotion cinématographique, notamment les derniers moments.

 

IN THE MOOD FOR LOVE

WONG KAR-WAI (2000),

Une trentaine de récompenses dans des festivals internationaux, dont le César du meilleur film étranger en 2001 – Tony Leung (Chow No-Man, prix du meilleur acteur au Festival de Cannes en 2000), Maggie Cheung (Su Li-Zhen), Rebecca Pan (Mme Suen), Yu Hsien, Kelly Lai-chen (Monsieur Ho).

Hong Kong en 1962. Chow, un journaliste, et sa femme qu’il voit peu, toujours affairée à des occupations diverses, emménagent dans un nouvel appartement. Le même jour Su Li-Zhen, secrétaire de Mr Ho, et son mari, travaillant pour une société japonaise et souvent en absent, s’installe dans l’appartement voisin. Quelques temps plus tard ils remarquent que les absences de leurs conjoints coïncident presque à chaque fois. Ils découvrent leur liaison et se voient régulièrement pour tenter de comprendre ce qui les a poussés à l’adultère. Leur solitude et leur désillusion les rapprochent et de confidence en confidence, ils éprouvent des sentiments l’un pour l’autre. Leur histoire évolue en nuances, par petites touches. Leurs regards se touchent, leurs sourires illuminent ces instants de bonheur éphémère et fragile, leurs mains s’étreignent, se cherchent et se fuient… Mais leur amour est impossible.

Su Li-Zhen est tiraillée par ses sentiments. Elle aime son mari et ressent de vrais sentiments pour Chow. Bien qu’elle se sente trahie, elle n’envisage pas d’être à son tour infidèle. Sa retenue lui interdit tout écart de conduite. Femme-fleur, elle refuse de se laisser cueillir. La vie les sépare et, selon une vieille tradition chinoise, le secret de leur amour sera enfoui.… Wong Kar-Wai a donné à son film le titre d’une chanson anglaise du début des années 1940 « I’m in the mood for love » parce qu’elle lui semblait correspondre à l’atmosphère du film. Un chef-d’œuvre sur la confusion des sentiments.

 

2046

WONG KAR-WAI (2006)

Tony Leung (Chow Mo-wan), Chiu Wai, Gong Li (Su Li-zhen), Takuya Kimura (l’amant japonais de Jing-wen), Faye Wong (Wang Jing-wen puis androïde dans 2046), Zhang Ziyi (Bai Ling), Carina Lau (Lulu puis androïde dans 2046), Maggie Cheung.

Dans le film In the mood for love, Chow referme la porte d’une chambre d’hôtel où est inscrit le numéro 2046. L’idée du film 2046 est née pendant ce tournage et plus tard s’est imposée, explique le réalisateur, l’idée d’y retrouver le personnage de Chow. Aussi je vous conseille de voir ces deux films l’un après l’autre comme une sorte de dyptique. Wong Kar-Wai explore les sentiments avec une sensibilité et une esthétique rares d’où son aura dans le cinéma chinois. Il donne une approche très personnelle d’Hong Kong, de l’extrême Orient, du désir, du rêve, de l’amour perdu et du souvenir. A un journaliste qui lui demande : « Peut-on dire de vous que vous êtes le réalisateur le plus romantique du monde ? Il répond : « Je ne crois pas que je suis si romantique. Et il est tellement difficile de définir l’amour, c’est ce que dit 2046. Beaucoup croient que c’est une histoire d’amour, au début je pensais aussi cela, puis j’ai réalisé que c’était une « histoire sur l’amour ». Donc je n’ai pas la réponse à votre question, et je crois que mes interrogations sont dans le film. »

Le choix de 2046, n’est pas sans connexion avec le 50e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine communiste qui a eu lieu le 1er juillet 1997. Pendant 50 ans, la Chine s’est engagée à faire de l’ancienne colonie britannique une «Région Administrative Spéciale» avec «un haut degré d’autonomie». Qu’adviendra-t-il de cette promesse ? Nul ne sait.

2046 est une très belle évocation du temps qui passe et des amours qui vous échappe. Chow Mo-wan est écrivain. Dans sa chambre d’hôtel, il écrit un roman « 2046 », se remémore son passé, pense aux femmes qui ont traversé sa vie. Il croit écrire une fiction alors qu’il écrit sur le passé. On suit ses errances sentimentales. Quand il a une relation amoureuse avec Gong Li il lui dit : «  Quand tu seras libérée de ton passé, reviens me voir », mais lui-même, n’est pas libéré de son passé, il garde ses distances, ne semble plus pouvoir ou vouloir aimer. Il reste prisonnier de son amour pour Shu Li Zhen, la seule femme qu’il ait vraiment aimé et qu’il n’a pas su garder. Dans le roman un mystérieux train part de temps en temps pour 2046 et là-bas les personnages ont tous la même obsession…retrouver leurs souvenirs perdus. Il y a dans ce film un subtil jeu de miroirs.

 

SHANHÉ GUREN (AU-DELÀ DES MONTAGNES)

ZANG KE JIA (2015)

Zhao Tao (Tao), Zhang Yi (Zhang Jinsheng), Liang Jing Dong (Lianzi), Dong Zijian (Dollar), Sylvia Chang (Mia).

L’histoire commence en 1999, se poursuit en 2014 et se termine en 2224. Au cours de trois décennies on suit la profonde mutation de la Chine, l’illusion qu’ailleurs, en l’occurrence en Australie, cela peut-être mieux. La jeune Tao a deux amis d’enfance qui sont amoureux d’elle. Lianzi, qui travaille dans une mine de charbon, et Zang, propriétaire d’une station service qui gagne bien sa vie. Elle choisit d’épouser celui avec qui elle a l’espoir d’une vie meilleure, un choix dont va dépendre sa vie à venir. Ils se marient, ont un fils Dollar, et finissent par divorcer.

Elle accepte que son fils reste auprès de son père, pensant qu’il aura une vie plus aisée. Il vit dans une pension de luxe, sans lien avec ses origines, il a oublié sa langue maternelle et ne parle que l’anglais. Loin de son enfant, revenue dans son village où elle a perdu ses repères, Tao appartient à une génération qui a été projeté trop vite dans l’avenir. Elle retrouve Lianzi, l’amoureux éconduit, malade après des années de dur labeur, et lui apporte un soutien financier. Quand son fils vient la voir, elle lui prépare des raviolis dans la pure tradition familiale, probablement pour le sensibiliser à ses racines maternelles. En spectatrice elle s’interroge sur le monde qui l’entoure, elle voudrait s’en éloigner sans renoncer pour autant à avancer. En 2024, Dollar vit en Australie, est étudiant et la communication entre lui et son père a cessé. Il apprend le chinois… A travers ces trois personnages, et surtout celui de l’héroïne « Au-delà des montagnes » pose un regard sur la Chine d’aujourd’hui et les conséquences d’une mutation ultrarapide sur les hommes et leurs racines.

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